lundi 26 décembre 2016

LIVRES - Saga "Le pays du nuage blanc" - Sarah Lark

Saga "le pays du nuage blanc" / "In the land of the long white cloud"

La saga "le pays du nuage blanc",
en trois volumes et
trois générations de femmes, 
est une grande fresque romanesque et
un roman historique bien documenté
pour découvrir une tranche d'histoire 
néo-zélandaise, de 1850 à 1918.

Tome 1 : Le pays du nuage blanc
(In the land of the long white cloud)
Tome 2 : Le chant des esprits
(Song of the spirit)
Tome 3 : Le cri de la terre 
(Call of the kiwi) 

Auteur : Sarah Lark  (Christiane Gohl)
Livres traduits de l'allemand.
Première publication : 2007


Le pays du nuage blanc
Hélène, fille de pasteur et jeune préceptrice romantique sans perspectives et Gwyneira, jeune aristocrate désargentée mais éprise de grands espaces et de liberté se lient d'amitié sur le navire qui les emmènent d'Angleterre vers la Nouvelle-Zélande. La première accompagne un groupe d'orphelines qui doivent être placées à leur arrivée à Christchurch et rêve à l'homme qui l'attend et avec lequel elle a brièvement correspondu au travers de la mission anglicanne. La seconde est promise au fils d'un magnat de la laine.
Cette amitié indéfectible permettra aux deux femmes de faire face au destin qui les attend dans les plaines du Canterburry, dans l'arrière pays de la colonie de Christchurch où l'on découvre la vie des pionniers et le monde de la laine dans un pays neuf manquant alors de femmes, la fortune des uns, la misère des autres, les relations avec les maori, etc. 

Le chant des esprits
On retrouve les personnages du pays du nuage blanc mais cette fois, on suit les petits-filles d'Hélène et de Gwyneira dont les destins de croisent et se décroisent.
Gwyneira a élevé Kura, sa petite fille à moitié maori qui cristallise les rivalités entre la famille et le clan maori sur la propriété des terres. Celle-ci, capricieuse, narcissique et sensuelle, se désintéresse totalement de son héritage et ne s'intéresse qu'au chant, sûre d'elle et rêvant d'une carrière internationale... Elle brise le coeur de sa cousine Elaine quand son prétendant, Wiliam Martyn, tombe sous la charme de la jeune métisse ...     
De l'amour, de la haine, de l'ambition, du désespoir, des drames permettent de découvrir d'autres aspects de l'île du sud de la Nouvelle-Zélande, les chercheurs d'or et les rêves de fortunes faciles dans l'Otago et surtout la vie des villes minières de l'ouest, la dernière frontière.

Le cri de la terre
Abandonnée par ses parents Kura et William Martyn pour assouvir leurs ambitions, Gloria, une enfant réservée et timide, est élevée sur la propriété familiale des plaines du Canterburry par son arrière-grand-mère Gwyneira et son cousin jack qu'elle adore. Curieuse et aimant la nature, elle y a une enfance parfaitement heureuse jusqu'à ce que ses parents décident de l'inscrire dans un pensionnat anglais pour en faire une Lady et recevoir une éducation artistique pour laquelle elle n'a aucun talent. Elle quitte la Nouvelle-Zélande pour l'Angleterre la mort dans l'âme, accompagnée d'une cousine ... Alors qu'éclate la première guerre mondiale, Gloria se retrouve abandonnée, incomprise, malheureuse et fera tout pour retourner "chez elle".
Encore de l'amour, de la haine, des drames et des destins brisés qui permettent d'évoquer la Nouvelle-Zélande du début du 20ème siècle, l'île du nord, la participation absurde à la première guerre mondiale, etc.


J'ai lu les trois livres à suite, dans la version anglaise,
un peu dans la veine des "oiseaux se cachent pour mourrir",
une lecture agréable et facile,
une trame romanesque parfois trop cousue de fil blanc
parsemée de coïncidences et de ficelles un peu grosses
(surtout pour les volumes 2 et 3), 
mais j'ai aimé suivre les personnages,
 et surtout la trame historique très bien documentée
malgré quelques anachronisme signalés à la fin,
avec beaucoup de détails pertinants et intéressants qui font finalement tout l'intérêt de cette saga,
une façon d'apprendre sans se prendre la tête,
idéal pour des vacances et pour accompagner la découverte du pays !

Un mot sur l'auteur :
Sarah Lark comme Ricarda Jordan, Elisabeth Rotenberg, Leonie Bell et Stephanie Tano sont des pseudonymes de Christiane Gohl dont le nom apparait aussi en signature de très nombreux livres : albums pour les enfants, livres pour les adultes, romans, fiction ou non. Il faut dire qu'avec plus de 150 livres sur les chevaux à son actif qui l'étiquètent un peu trop "spécialiste équestre", c'est à la demande des éditeurs allemands que son vrai nom n'est pas toujours utilisé. C'est ainsi que : 
- ses livres sur les chevaux sont signés Christianne Gohl mais aussi Elisabeth Rotenberg, Leonie Bell ou Stephanie Tano.
- ses romans sont signés Sarah Lark (livres sur la Nouvelle-Zélande) ou Ricarda Jordan (romans historiques).
Cette auteur-romancière passionnée de chevaux est née en 1958 à Bochum dans la Ruhr. Son rêve d'enfant était de devenir vétérinaire mais il ne s'est pas réalisé et elle a travaillé comme journaliste, rédactrice publicitaire puis guide touristique. Cette activité lui a permis de connaître et de développer une véritable fascination pour la Nouvelle-Zélande à l'origine de son "Pays du nuage blanc".  Best-seller, ce livre a établi l'auteur en tant que romancière et son succès international a été tel qu'il a fallu donner une suite à cet opus pour en faire la première partie d'une trilogie au lieu du livre unique prévu au départ. 
Christianne Gohl vit au sud de l'Espagne près d'Alméria où elle continue d'écrire tout en s'occupant de chevaux qu'elle recueille.

samedi 24 décembre 2016

Maungawhau - Mont Eden, un incontournable d'Auckland !

Monter au sommet de Maungawhau-Mt Eden est un incontournable absolu d'Auckland.

Maungawhau / Mt Eden - ©SM
Comme la plupart des collines environnantes, il s'agit d'un cone volcanique, un parmi les 48 de la région, particulièrement intéressant pour sa forme et pour la vue. Rangitoto le dépasse mais avec ses 196 mètres, il est le plus haut des volcans terrestres, point culminant d'Auckland, couronné d'un cratère en cuvette de 50 mètres de profondeur.
Certains recommandent d'y monter au lever ou au coucher du soleil mais c'est une bonne excursion à n'importe quel moment de la journée du fait de sa situation assez centrale sur l'isthme entre deux mers et parce que sa position dominante offre une vue panoramique à 360º. Listé parmi les 24 "Premier Parks" du Auckland Council, il est situé à 2,4 kilomètres à peine de CBD (Central Business District).



En réalité, Maungawhau-Mont Eden est un alignement de trois cratères formés il y a 20'000 - 30'000 ans. Ils donnent à ce parc verdoyant sa forme oblongue dominée par le cratère sud dont la dernière explosion combla ceux du nord. La pente ouest largement entamée a servi de carrière avant de faire l'objet d'un vaste projet de restauration.

Maungawhau Pa (War Memorial Museum Auckland)  - Vue aérienne Maungawahu/Mt Eden (The Mt Eden Village People)

Premiers occupants, les maori l'appellent "Maungawhau", la montagne des whau (whau est une espèce d'arbres) qu'ils avaient adaptée à leurs besoins : cultures en terraces sur le bas des pentes surplombées de terrassements défensifs sur les hauteurs qui en faisaient une des plus grandes forteresses jamais construite dans l'hémisphère sud (cf illustration). Site sacré, les tribus de la région de la rivière Tamaki y ont maintenu coutumes, rituels, chants et karakia (incantations/chants rituels) qu'ils continuent de pratiquer. Le cratère porte le nom évocateur de "bol de Mataaoho", celui-ci étant le dieu vivant dans le cratère et le gardien des secrets cachés de la terre. Autant d'éléments qui ajoutent une dimension culturelle et historique à l'intérêt géologique et géographique des lieux.

Maungawhau / Mt Eden - ©SM



Avec l'arrivée des européens, le volcan avait été rebaptisé Mt Eden en l'honneur de George Eden, premier Comte d'Auckland et pour eux, il a toujours joué un rôle essentiellement récréatif et utilitaire (surveillance, pâturage, approvisionnement d'eau, carrière et utilisation militaire pendant la seconde guerre mondiale).

Un rôle pratique qu'on appréhende facilement : repère topographique, on trouve ainsi sous la pyramide métalique située au sommet le point zéro de mesure utilisé pour l'arpentage d'Auckland et de sa banlieue. Une table d'orientation instalée à proximité permet de se repérer et de se positionner.



Après une procédure de réclamation relative à l'application du traité de Waitangi, engagée par un collectif de 13 iwi (clans) d'Auckland, et la décision de 2014 du tribunal qui y a fait suite, il a été reconnu que les lieux doivent officiellement s'appeler "Maungawhau / Mount Eden" alors que sa propriété a été rendue à ce collectif d'iwi, en conséquence de quoi, l'administration dépend désormais de ce collectif et du Auckland Council, en co-gestion.

Maungawhau / Mt Eden - ©SM
Maungawhau / Mt Eden - ©SM


















C'est aujourd'hui un parc protégé et ouvert au public, bien aménagé et fréquenté tant par les riverains que par les touristes de passage.
 Un rapport de 2007 fait mention de plus de 1,2 million de visiteurs par an. À l'époque, les bus pouvaient monter jusqu'au sommet pour deverser leurs hordes de touristes mais l'accès leur a été prohibé en 2011. En 2016, l'interdiction s'est étendue aux autres types de véhicules* pour rendre la route aux piétons et aux cyclistes. Désormais l'accès au sommet se mérite, par la route ou les chemins de traverse, une promenade agréable d'une dizaine de minutes avec un peu de dénivelé mais rien de titanesque ou d'insurmontable, un peu d'exercice avec pour récompense le cratère et la vue du sommet. 

Pas encore testé mais bon à savoir : des visites guidées sont organisées par la tribu Ngati Whatua, gardienne du volcan.

Maungawhau / Mt Eden - ©SM

*sauf cas particuliers : véhicules d'urgence et accès handicapés.

Infos pratiques:
2,4 km de CBD 
Gratuit
Entrées principales par Mt Eden Road ou Tahaki Drive
Il est aussi possible d'emprunter les chemins partant de Clive Road, Glenfell Place, Batger Road, Hillside Crescent, Rautangi Road et Owens Road.
Ouverture :
Été de 7h00 à 20h30
Hiver de 7h00 à 19h00

Aujourd'hui, dans mon petit lexique Maori - Français :
Iwi : clan/nation (plus grands groupes sociaux poru les maoris de NZ)
Karakia : incantation, chant rituel
Maunga : montagne
Maungawhau: montagne de (l'arbre) whau
Pa : ville fortifiée

Les volcans d'Auckland, voir aussi :
Auckland - Collection de volcans sur poudrière
Rangitoto, "landmark" naturel d'Auckland
Devenport
Panmure Lagoon, petite balade sympa d'Auckland
Mount Albert / Owairaka - Volcan d'Auckland
Mangere Mountain, Mangere Lagoon & Puketutu island

Sources et plus d'infos :
Maungawhau - Mt Eden Management Plan - 02/2007 - ICI
Auckland War Memorial Museum - Dessin du Maungawhau paICI
The Mont Eden Village People - Photo aérienne - ICI 
Auckland (office tourisme) - Activities in Mount Eden - ICI

mardi 20 décembre 2016

BON PLAN - Auckland free walking tours

À notre arrivée à Auckland, j'avais récupéré quelques prospectus à l'office de tourisme dont celui d'"Auckland free walking tours" qui propose quotidiennement des visites guidées du centre ville. Ce service vient de fêter sa première année d'opération, il est gratuit, sans réservation et très bien noté sur Tripadvisor. Pour participer, il suffit de se présenter à 10 heures sur Queens Wharf. 
En prenant le ferry au départ d'Half Moon Bay à 9h15, le timing et le rendez-vous sur les quais devant les portes du terminal étaient tellement parfaits que je ne pouvais me priver d'en faire le test.


Craig, le guide du jour aux allures de poulbot, était facilement repérable à son T-Shirt aux couleurs du "Auckland Free Walking tour" ainsi qu'au groupe commençant à l'entourer. Il s'est présenté individuellement à chacun au fur et à mesure des arrivées, s'intéressant à nos noms, nos origines et à la façon dont nous avons découvert le service. Constitué essentiellement de touristes américains et européens de tous ages, de passage à Auckland entre deux étapes de leur voyage, notre groupe comptait une bonne vingtaine de participants. Et comme le soleil était de la partie, Craig n'a pas manqué de nous encourager à prendre de l'eau (pratique, il y a une fontaine à eau extérieure que je n'avais pas encore repérée près du terminal de ferry) et à nous protéger en utilisant la crème solaire mise gracieusement à notre disposition. Une seule réserve pour les francophones, pour bien en profiter, il faut évidemment comprendre l'anglais, seule langue de visite.    

Dans son introduction, Craig a expliqué le déroulement du programme ainsi que le modèle économique de ce service "gratuit" mais reposant tout de même sur le système de "koha", la tradition maorie de "l'échange de cadeaux" par lequel celui qui reçoit un cadeau se doit d'en donner un en retour. C'est ainsi que le guide qui offre ses connaissances et donne de son temps (les visites durent entre 2h30 à 3h) s'attend à recevoir une donation libre en échange, en d'autres termes, c'est service contre pourboire, gratuit mais avec paiement flexible, à votre bon coeur !
C'est habilement présenté et il n'y a rien d'obligatoire bien sûr mais il vaut tout de même mieux le savoir et prévoir des petits billets sachant que celui de 10 NZD (54 HKD / 7 Euros) semble avoir été le plus largement distribué en fin de visite, notre guide particulièrement prévenant et intéressant.

Auckland CBD - Fort lane - ©SM


Selon le guide et le groupe, il est probable que le circuit fasse l'objet d'adaptations mais il permet en principe de couvrir le quartier de CBD (Central Business District), le centre ville d'Auckland. Avec un jeune guide "local" qui connait bien sa ville, on sort un peu des sentiers battus et on appréhende un vécu, une histoire tant maorie qu'européenne, une culture et des personnages emblématiques, le tout émaillé d'une foultitudes d'anecdotes. La visite fait une boucle pour revenir au point de départ à la fin, en passant par :
- Fort lane, ancien quartier de perdition aujourd'hui marqué par une oeuvre moderne faite de néons rouges rappelant la petite histoire,
- Jean Batten Place, une aviatrice célèbre qui la première a relié Londres à Auckland, une véritable légende locale qui a donné son nom au terminal international de l'aéroport d'Auckland,


Jean Batten Place - ©SM
High Street - Khartoum Place - ©SM


 - High Street et Vulcan Lane, ancien repère de la pègre locale avec son bar alors que celui des avocats est établi juste en face, histoire de préserver les apparences,
- Khartoum place et sa fresque dédiée aux suffragettes sachant que la Nouvelle-Zélande a accordé le droit de vote aux femmes dès la fin du 19ème siècle, premier pays à le faire, symbole d'un pays progressiste et pionnier,
- le musée d'art,
- Albert Park qui permet d'évoquer la reine Victoria et le gouverneur Grey qui s'est intéressé très tôt à la culture maorie, les arbres, l'utilisation du parc pour une base américaine pendant la deuxième guerre mondiale (avec quelques stocks de poudres abandonnés et murés dans les tunnels de laves de cet ancien cône volcanique),
- L'université d'Auckland où l'on trouve "governor house", ancien siège du gouvernement colonial où notre guide nous a éclairés sur le traité de Waitangi et son histoire à la lumière de son ascendance en partie maorie,
- Eden Crescent avant de retourner sur Britomart où s'est produit un "acte terroriste" : une bombe posée par des services français contre le Rainbow Warrior dans le contexte d'une Nouvelle-Zélande totalement anti-nucléaire (là, pas de cocorico, on évite même de se faire remarquer quand on est français).


Albert Park - ©SM
Old Governor House - ©SM



Au final, une visite vraiment intéressante, bien construite et permettant d'aborder une très grande variété de sujets. Une excellente introduction à la Nouvelle-Zélande pour les visiteurs de passage mais pas seulement, les locaux peuvent certainement y trouver eux-aussi leur compte et je n'hésiterai pas à refaire et à recommander, sans oublier le koha bien mérité !


Grilles de Queen Wharfs - Britomart et les puits de lumières de la gare en forme de cônes volcaniques - ©SM

Aujourd'hui dans mon petit lexique Maori -Français :
koha : cadeau

Site d'Auckland free walking tour ICI

samedi 17 décembre 2016

Point View Reserve

Nous avons profité de la visite du temple de Fo Guang Shan pour faire un tour en voiture dans les nouveaux quartiers résidentiels environnants oscillants entre ruralité et nouvelles banlieues, avec un arrêt à Point View Reserve qui les domine, découvert un peu par hasard mais qui se révèle une agréable surprise.

Point View Reserve Auckland - ©SM

Une fois de plus géré par le Auckland Council, ce parc d'un peu moins de 12 hectares appartient à la catégorie des "Premier Parks" qui en compte 24 parmi lesquels Albert Park, Auckland Botanic Garden , Auckland Domain, Mt Eden, Musick Point ou encore One Tree Hill Domain.    

Riroriro (oiseau) track, Pekapeka (chauve-souris) track, Ruru (chouette) track,  Kereru (pigeon) track, Piwakawaka (pigeon-paon) track ou Koura (écrevisse) track sont les noms des chemins qui sillonent Point View Reserve. Ils traduisent à la fois la présence indigène sur cette colline occupée avant l'arrivée des européens par un pa (village fortifié) et celle d'une nature comblée par le règne animal.
  

Les Maori nommaient la colline "Puke Ariki" signifiant "colline des dieux" et il reste quelques traces de leur présence (puits de stockage de patates douces, terrassements ou empilement de coquillages et d'os) mais en 1836, les tribus locales se séparèrent d'une vaste zone de terrains incluant le parc actuel, vendue à un missionnaire, William Thomas Fairburn. Le traité de Waitangi de 1840 ouvrit ensuite encore plus largement la voie de la colonisation. Le terrain de Point View Reserve fut racheté par la ville de Manukau en 1975 avant qu'elle ne soit intégrée dans le Auckland Council.

Le parc d'un intérêt culturel, écologique et panoramique permet de parcourir et d'observer plusieurs type de paysages, pâturages, forêt de taillis sachant qu'il est couvert aux deux tiers de plantes endémiques matures ou reconstituées avec notamment d'incroyables fougères hautes comme des arbres.
Côté animaux, nous avons surtout vu passer des lapins, nuisibles et contre lesquels les autorités essayent de lutter en plaçant des pièges un peu partout ... Il faudrait sans doute y passer un peu de temps pour observer les espèces endémiques, en particulier celles dont les noms figurent sur les noms de sentiers.

Point View Reserve - Forêt de fougères - ©SM

Côté marche, les sentiers ne sont pas très longs et ne demandent pas plus d'une demi-heure chacun sachant qu'on peut les combiner. Le Riroriro track est tout en montée (ou en descente selon le sens où on le prend!) avec des escaliers mais il vaut vraiment l'effort tellement la forêt est belle et les fougères incroyables. Il permet de rejoindre le sommet qui vaut lui aussi le coup d'oeil pour la vue sur Manukau, le golfe d'Hauraki et son incontournable Rangitoto, Fo Guang Shan, la banlieue et les champs alentour, etc.

Un vrai coup de coeur !

Aujourd'hui dans mon petit lexique Maori-Français :
Iwi : peuple, nation / plus grande unité sociale Maori 
Kereru : pigeon
Koura : écrevisse
Pekapeka : chauve-souris 
Piwakawaka : pigeon-paon
Puke Ariki : colline des dieux 
Riroriro : paruline grise (oiseau)
Ruru : chouette

Sources et infos complémentaires :
Brochure du parc en format .pdf - ICI
Point View Park - Auckland Council - ICI
Liste des Premier Parks - Auckland Council - ICI

mercredi 14 décembre 2016

COLLECTIONS - Plaques d'immatriculation personnalisées


Plaques personnalisées - ©SM
Attachées aux véhicules pour toute leur durée de vie et attribuées exclusivement par la NZ Transport Agency au moment de l'enregistrement, les plaques d'immatriculation néo-zélandaises standards sont composées d'une combinaison de trois lettres suivies de trois chiffres.

Il existe toutefois des exceptions à la règle avec les plaques personnalisées. Celles-ci peuvent avoir de trois à six caractères, des lettres, des chiffres ou une combinaison des deux permettant d'exprimer un mot, un nom, un message ou un slogan. 
À la différence des plaques standards, ces plaques individualisées sont attachées à leur propriétaire et peuvent être transférées d'un véhicule à l'autre ou d'une personne à une autre. 



Plaques personnalisées - ©SM

NZ Transport Agency sous-traite la vente et la gestion de ces plaques individualisées à un fournisseur agréé qui en possède la license d'exploitation. Pendant 28 ans elle était l'apanage de Personalised Plates NZ qui en avait l'exclusivité mais l'entreprise a mis la clé sous la porte le 1er août 2016 après s'être fait damer le pion. 

La NZ Transport Agency avait en effet lancé un appel d'offre en novembre 2015 recherchant un ou plusieurs nouveaux agents pour cette activité dans le but "d'améliorer la qualité des produits et des services, rendre l'offre de ces plaques plus attrayante pour un plus large public afin d'en augmenter les revenus et permettre le financement des programmes de sécurité routière associés".   

 

Plaques personnalisées - ©SM
Parmi quatre postulants, c'est l'agence Publicis Communication qui a gagné et qui opère depuis le 1er août au travers de KiwiPlates  en charge de cette nouvelle activité de promotion et de vente des plaques minéralogiques. Leur site précise que le changement d'opérateur n'affecte en rien les droits et la propriété des plaques antérieures ou la fabrication par Licensys.   
De telles plaques se payent et leur coût varie selon le design souhaité sachant que le prix d'entrée est de 599 NZD (410 euros / 3'350 HKD) pour une plaque standard en noir sur fond blanc, le double pour des combinaisons alpha sans chiffres (4L, 5L ou 6L) et encore et toujours plus si on veut jouer sur les couleurs et le style ... et comme c'est bientôt Noël, il est évidemment possible d'offrir des plaques, des bons-cadeaux ou de refaire le design d'une plaque qu'on possède déjà !


Plaques personnalisées - ©SM

... Mais moi, pour les plaques personnalisées, j'ai choisi la façon économique et amusante en me contentant d'en faire des clichés pour les collectionner comme les boîtes aux lettres même si je ne suis pas toujours certaine du sens de chacun des messages !


Sources et infos complémentaires :
Number plates - NZ Transport Agency  ICI
Appel d'offre NZ Transport Agency 11/2015 - ICI
Kiwiplates - ICI
Personalised Plates NZ - ICI
Personalised Plates shuts up after losing NZTA license - NZ Herald 1/8/2016 ICI
Vehicle registration plates of New Zealand - Wikipedia ICI
Fabricant de plaques - Licensys ICI

mardi 13 décembre 2016

FO GUANG SHAN - Plus grand temple bouddhique de Nouvelle-Zélande

A proximité de la zone commerciale de Botany Town Center où nous allons faire des achats de temps en temps, j'avais repéré au loin en passant en voiture, un grand bâtiment chinois de style Tang rappelant le couvent de Chi Lin, un de mes temples préférés à Hong Kong. En me basant sur sa position géographique, je l'ai rapidement identifié comme temple de Fo Guang Shan avant de découvrir qu'il est le plus grand temple bouddhique de Nouvelle-Zélande. Nous ne pouvions manquer d'y faire une excursion, d'autant moins quand on connait sa très impressionnante "maison mère" de Kaoshiung visitée lors d'un voyage à Taïwan.

Temple de Fo Guang Shan Auckland, entrée et détails - ©SM
Sur le plan religieux, il faut savoir que la Nouvelle-Zélande est avant tout et majoritairement chrétienne même si les chiffres des derniers recensements (2001, 2006, 2013)
 montrent un recul à la fois
- du nombre de ceux qui se déclarent chrétiens
 (1'858'977 en 2013 contre plus de 2 millions en 2001),
- de leur proportion par rapport aux autres religions
(47,65 % en 2013 contre 58,92 % en 2001).
Tout juste devancés par les Hindouistes, les bouddhistes placent leur religion en troisième position nationale avec 58'404 adeptes recensés en 2013 (1,5% du total) sachant que la tendance est à la hausse, tant en valeur absolue que proportionnelle. En Nouvelle-Zélande, le bouddhisme est donc une religion qui reste globalement très minoritaire mais qui progresse et commence à développer de solides bases, en particulier à Auckland.  

Pour mémoire, les premiers bouddhistes de Nouvelle-Zélande étaient des chinois arrivés  dans le sillage de la fièvre de l'or de l'Otago (années 1860) mais leur nombre n'était pas significatif. Ainsi, le recensement de 1926 qui prend en compte le bouddhisme pour la première fois dans ses statistiques n'en enregistre que 169. C'est avec la multiplication des voyages que le bouddhisme connait un premier essor dans les années 1970, avec des Kiwis s'intéressant aux traditions d'Asie pour en adopter les usages. Depuis les années 1980, ce sont surtout les immigrants et les réfugiés qui ont apporté une grande variété de pratiques tant et si bien qu'en 2011, on dénombrait plus de 50 sectes actives avec leurs moines et leurs adeptes se regroupant dans plusieurs types de locaux, temples, monastères et centres de retraite pour la plupart concentrés dans la région d'Auckland. 
Ces différentes entités cherchent maintenant à s'organiser, notamment pour pouvoir agir auprès du gouvernement lorsque c'est nécessaire (par exemple, pour permettre à des moines et enseignants bouddhiques de s'installer plus facilement dans le pays) et c'est ainsi que le Bouddhist Council of New Zealand a vu le jour en 2007, créé par le regroupement de 15 congrégations dans un conseil unique chargé de les représenter. 

Fo Guang Shan Auckland - Statues de novices - ©SM
 Pour ce qui est de Fo Guang Shan ("Montagne de la lumière de Bouddha") en particulier, il s'agit d'un ordre créé à Taïwan dans les années 1960 sous l'égide du vénérable maître Hsing-Yun appartenant à la voie du Mahayama (grand véhicule) et à la lignée Chan (zen). Né en Chine en 1927 et toujours vaillant, ce vénérable maître prêche un bouddhisme "humaniste" qui rassemble beaucoup d'adeptes dans son sillage autour des quatre piliers sur lesquels reposent la propagation de son message :
1 - développer les activités culturelles,
2 - promouvoir les talents par l'éducation, 
3 - agir pour la communauté au travers d'oeuvres caritatives,
4 - purifier les coeurs et les esprits par la pratique bouddhique.  
En cinquante ans l'ordre a édifié plus de 200 temples un peu partout dans le monde et il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus influents. Son temple d'Auckland est le siège de l'International Buddhist Trust of New Zealand (Fo Guang Shan) qui chapeaute ses activités néo-zélandaises et son autre temple de Christchurch dans l'île du Sud.

Quant au choix du lieu d'implantation de ce grand temple, sur les hauteurs à l'est de la rivière Tamaki au sud-est d'Auckland, il est logique et n'a rien d'étonnant quand on connait la double particularité de ces faubourgs qui :
1 - concentrent une très forte proportion d'asiatiques d'origine chinoise et coréenne avec des taux largement supérieurs à 10% de la population totale (plus de 15% sur Howick et Botany),
2 - disposent de zones de développement importantes grâce à la reconversion de terrains agricoles en lotissements.

Commencés en 2001 sur un site de 3,6 hectares, les travaux de Fo Guang Shan ont duré sept ans. Un investissement de 20 millions de NZD pour la construction seulement. Inauguré en 2007 et conformément à la doctrine de l'ordre, le temple ne se veut pas seulement un lieu de recueillement et de prière mais aussi et avant tout un centre au service de la commnauté qui propose des cours de chinois, de calligraphie chinoise, de yoga, d'arts martiaux. etc. et favorise toute interraction ouverte et participative avec la collectivité,qu'elle soit bouddhique ou pas.


Fo Guang Shan Auckland - Hall principal - Pagode moderne & bassins - ©SM

Architecturalement parlant, le temple d'Auckland est conçu dans le style chinois à la symétrie Tang très classique mais il inclu des éléments très modernes qui en font une structure unique.
Ainsi, conçue par les architectes Warren et Mohonet, la pagode ultra-moderne de sept étages se refléte dans deux grands bassins longeant tout le mur sud du temple, séparés en leur centre par une rampe bordée de murs d'eau qui s'enfonce vers la chapelle de prière. Seule la chapelle est accessible, les étages étant réservés aux cendres des défunts et aux familles qui les visitent. C'est un endroit de paix précédé d'une cour semi-ouverte avec des murs gravés de Bouddhas et suivie d'une autre petite cour arrière que l'on aperçoit à travers les portes vitrées.   

On accède au bâtiment principal par une grande porte gardée de deux lions et un hall classique, accueillis par un bouddhistava avec à la gauche une boutique proposant livres et "bouddhaseries" ainsi qu'un excellent - pour l'avoir testé en fin de visite - restaurant-salon de thé végétarien le Water-Drop Vegetarian Cafe. Une deuxième grande porte permet d'accéder à la cour intérieure avec ses jardins et allées, ouverte sur le hall de prière principal qui lui fait face et entourée de galeries couvertes et de bâtiments dédiés à l'éducation, avec salles de classe et bibliothèque.

Fo Guang Shan Auckland - Jardins & détails - ©SM
Fo Guang Shan Auckland - Jardins & détails - ©SM

















La grande allée centrale est bordée de lanternes, formée de grands pavements de pierres rectangulaires espacés et dessinés de zones d'herbe. Les jardins sont magnifiques, agrémentés de bambous, d'allées de cerisiers (encore en fleurs, les branches chargées de clochettes à voeux sonnant au vent), d'érables du Japon etc.,ornés de pierres biscornues, de statues de jeunes moines novices parfois amusantes (à côté d'une bonhomme de neige, le plus moderne a des écouteurs sur les oreilles) mais aussi des oeuvres modernes représentatives de la faune et la flore de Nouvelle-Zélande. 
  
Les deux pavillons de chaque côté du hall de prière principal présentaient lors de notre visite deux expositions. La première, une exposition de très belles photographies de temples de Fo Guang Shan et leurs détails, la seconde, une magnifique exposition de calligraphie du vénérable grand maître de Fo Guang Shan qui peut en produire plusieurs centaines dans une journée, dans un seul souffle à chaque fois. Ces expositions présentaient en outre de nombreux détails sur la biographie et le parcours de Hsing Yun particulièrement pertinants dans le contexte de cette visite.
Quant au hall principal, il suit lui aussi les règles classiques avec bien sûr un tambour et une cloche à l'extérieur et renferme un Bouddha et une grande salle de prière.

Les zones à l'arrière du temple ne sont pas accessibles et réservées aux moines.

Une visite culturelle zen, assez inhabituelle pour Auckland mais représentative des tendances et transformations sociologiques en cours. À voir.

Infos pratiques :
Fo Guang Shan Temple
Adresse : 16 Stancombe Road, Flat Bush, Manukau
Ouvert du mardi au dimanche, de 9:00 à 17:00.
Water Drop Vegetarian Cafe
Mardi à dimanche, de 9:00 à 16:30.
 
Sources et plus d'infos :
Fo Guang Shan North Island (Auckland) ICI
Buddhists - Te Ara / The Encyclopedia of New Zealand   ICI
Auckland : Buddha's day out - NZ Herald 14/04/2012  ICI 
Above and beyond religion - NZ Herald 1/10/2007 ICI
Religion in New-Zealand - Wikipedia  ICI
Fo Guang Shan Pagoda -  Architecturenow 23/04/2013   ICI 
Fo Guang Shan Buddhist Pagoda - Warren and Mahonet ICI 


lundi 12 décembre 2016

Long Bay Regional Park

C'est par un temps couvert et sous une bruine intermitente que nous avons découvert le parc régional de Long Bay situé à 25 kilomètres au nord du centre d'Auckland dans le golfe d'Hauraki. Un espace nature et loisirs appartenant au réseau des 26 parcs régionaux gérés par le Auckland Council, comme toujours parfaitement aménagé et couplé ici à la réserve Marine d'Okura* placée sous la responsabilité du ministère l'environnement pour en sauvegarder le monde sous-marin. Établie en novembre 1995, la réserve marine protège une diversité d'habitats et la faune qui en dépend : plage de sable et récifs rocheux, vasières estuariennes et mangrove. 

Plage de Long Bay - ©SM
Connus des Maoris sous le nom d'Oneroa signifiant "longue étendue de sable",  le groupe tribal Ngati Kahu avait la jouissance principale des lieux avant l'arrivée des européens au milieu du 19ème siècle. 

En 1862, la famille Vaughan dont on retrouve le nom à plusieurs endroits du parc acheta 600 hectares le long de la côte pour y exploiter un élevage de moutons qui perdura 100 ans, jusqu'à la vente de la propriété aux autorités régionales d'Auckland en 1965. En complément à ses revenus agricole, la famille avait déjà développé une activité de loisir avec la gestion d'un terrain de camping situé au bord de la plage, sur la zone de pique-nique et de loisirs actuelle.
Cet achat marque le début de l'histoire des parcs régionaux qui fêtaient leurs 50 ans cette année.


Inclue dans le rachat des terres, la maison de la ferme ("Vaughan Homestead") a été restaurée dans sa forme actuelle par la Torbay Historical Society qui en détient la license d'exploitation et que l'on peut contacter pour une visite, voir le musée ou louer les salles de conférences. Construite en 1863 par George Vaughan, agrandie et modifiée au fil du temps, c'est un exemple rare sur la côte nord d'une construction "d'époque" en bois de puriri et de kauri qu'on peut voir au bout de la plage, au bord du ruisseau Vaughan dans un renfort protégé à l'abri des falaises.
À cet élément patrimonial s'ajoute deux rotondes "historiques", blocs de bétons avec leur meutrières, l'une située un peu avant le premier parking et l'autre en haut de la première falaise, faisant partie de la ligne de fortification développée  pendant la deuxième guerre mondiale pour la défense d'Auckland contre l'invasion japonaise qui n'est jamais venue.

Le parc régional de Long Bay, plus petit que la propriété Vaughan d'origine, couvre la bande côtière de 160 hectares allant du Sir Peter Blake Education Center près du ruisseau d'Awaraku* au sud jusqu'à l'embouchure de la rivière Okura au nord.

En se garant au premier parking près de l'arrêt de bus, la balade commence le long de la grande plage de sable bordée de dunes. On peut aussi choisir de traverser la zone de loisirs aménagée derrière les dunes, par les chemins ou des pelouses agrémentées de beaux et vieux arbres, avec un bureau de rangers, des toilettes, une grande aire de jeu, des zones de pique-nique abritées qu'il est possible de réserver et apparemment amplement utilisées pour des anniversaires et fêtes diverses pouvant accomoder jusqu'à 500 personnes pour la plus importante. Les pohutukawa ont évidemment la part belle parmi les essences d'arbres représentées et se faisaient remarquer en ce mois de décembre avec leurs couronnes cramousies, bouquets géants parmi lequels quelques hybrides se singularisaient avec des fleurs de couleur jaune et d'autres, couleur abricot.

Pohutkawa & autres arbres de Long Bay - ©SM

A noter que pour accompagner la visite, deux brochures bien faites sont disponibles à l'entrée du parc et à la station de rangers :
- Long Bay Regional Park publiée par le Auckland Council avec toutes les informations pratiques et historiques ainsi que des cartes détaillées de ce parc,
- Long Bay - Okura Marina Reserve publiée par le Department of Conservation (ministère de l'environnement) qui couvre une zone plus importante, fait le lien entre le parc régional, la Okura Estuary scenic reserve et la reserve marine en donant par ailleurs beaucoup d'informations sur les différents habitats et leurs locataires.     

Plage et arbres de Long Bay - ©SM
Après la longue zone plate sur la plage ou l'aire de loisir, on traverse le ruisseau Vaughan : soit par le pont qui mène directement au Vaughan Homestead, soit en trouvant un passage par la plage à marée basse. Dans ce cas, il est possible de poursuivre le long de la côte, sinon il faut monter sur la falaise, soit par le chemin qui passe derrière la maison, soit en grimpant par un escalier au milieu de la forêt permettant d'accéder par un détour à la rotonde défensive. L'ensemble du chemin n'est pas très difficile, bien balisé, avec un peu de dénivelé : des montées et des descentes douces qui permettent d'accéder aux baies de Granny, Pohutukawa et la rivière Okura en bout de course où il faut faire demi-tour et revenir sur ses pas.  Certaines sections à bord de falaise ont été fermées parce que trop fragilisées et dangereuses.


Sur les hauteurs, l'activité agricole reste importante avec de grands champs fraîchement labourés et quelques vaches qui paissent en toute tranquilité alors que le panorama offre de belles vues sur le golfe d'Hauraki, la péninsule du parc Shakespear, le Rangitoto et une ouverture sur le Pacifique. 
Outre la végétation champêtre et les pohutukawas, des parties de forêt ou des zones avec de plantes de rivières indigènes, revégétalisées, laissent apprécier une flore variée.

Long Bay Coastal Track - ©SM
 


Dans l'estuaire que l'on ne peut encore une fois parcourir qu'à marée basse, il faut éviter de s'enfoncer dans les zones boueuses en marchant sur les parties rocheuses, parfois un peu glissantes mais cela permet de passer sous les branches des arbres. On découvre alors leurs racines tentaculaires qui semblent se dérouler sur les marches d'un temple disparu du fait des strates du relief. Polis par le passage de l'eau, les rochers font apparaitre leurs couleurs variées et toutes sortes de formes évocatrices, parfois étonnantes, presque "construites" comme une voie romaine.  



Côté faune nous avons croisé nos premiers pukekos, très nombreux ce jour-là : des poules de marais à longues pattes, poitrail bleu roi, plumes noires avec du blanc sous la queue et une crête bien rouge. Un oiseau qui serait passé d'Australie en Nouvelle-Zélande il y a environ un millénaire préférant les zones de marécage, de lagunes et de roseaux mais qui s'est bien adapté au développement rural entamant ses territoires traditionnels. C'est une icone nationale qui a gagné le titre d'"oiseau de l'année" au concours 2011 "Forest & Birds" organisé chaque année depuis 2005.    

Une randonnée sympa malgré le temps. Evidemment, avec un peu de soleil, on se serait plû à la compléter d'un volet farniente et d'une baignade dans cette baie qui s'y prête.
Mais nous aurons surement l'occasion d'y revenir, notamment pour faire une autre randonnée sur la rive opposée de l'estuaire de l'Okura en suivant le walkway qui part de la marina située à Duck Creek

Long Beach en résumé : 
11 kilomètres aller-retour,
circuit bien balisé, 
très facile par le bord de mer (marée basse),
assez facile avec un peu de dénivelé en suivant le haut des falaises,
beaux arbres et paysages variés : plages, falaises, champs, rivières, 
vues sur le golfe d'Hauraki, la péninsule du parc Shakespear, Rangitoto,le Pacifique, l'estuaire de l'Okura, 
patrimoine : Vaughan Homestead et fortification,
3 heures de marche.
Aires de pique-nique proche des parkings, terrain de jeu, baignade.  






*Aujourd'hui, dans mon petit lexique Maori - Français :
Awaraku : rivière (awa) eraflure/rayure (raku)
Okura : endroit (de grès) rouge 
Oneroa : longue étendue de sable

Sources et plus d'infos : 
Vaughan Homestead - Torbay Historical Society  ICI
Forest & Bird - Bird of the Year  ICI
Long Bay Regional Park - Auckland Council  ICI
Long Bay - Okura Marine reserve - Department of conservation ICI

vendredi 9 décembre 2016

POHUTUKAWA - "Arbre de Noël" de Nouvelle-Zélande

S'il y a bien une chose qui m'émerveille depuis notre arrivée à Auckland - plus que les terrains de golf - ce sont les arbres, en particulier les specimens majestueux incroyablement emberlificotés qu'on trouve partout dans la région, accrochés tels des équilibristes aux flancs des falaises et au bord des plages : pohutukawa (et rata) surnommés "arbres de Noël de Nouvelle-Zélande" du fait de leur fleuraison rouge-flamboyant à cette période de l'année.

Pohutukawas - ©SM

L'apparition de ce vermillon serait d'ailleurs le signe annonçant avec certitude le début de l'été mais comme les arbres ne semblent pas tous d'accord, on revient au débat relatif aux dates de début d'été parce que si quelques arbres rayonnent et se sont parés de leurs premières fleurs depuis déjà une bonne quinzaine de jours, d'autres restent frileusement dans l'expectative et en sont encore totalement dépourvus.

Donné à l'arbre par les Maoris, le nom "pohutukawa" est en lien direct avec son panache rouge estival. Le mot est en effet composé de "hutukawa" signifiant "coiffure de plumes rouges" et de "po" placé au début du mot qui peut avoir plusieurs sens, celui de "nuit" mais aussi celui plus large du "monde souterrain" par lequel transitent les esprits au moment de la mort donnant ainsi un sens sacré à l'arbre.


Fleuraison - Pohutukawas - ©SM

D'ailleurs, chez les Maoris, certains pohutukawas se distinguent, plus vénérés que d'autres :
- Celui de Te Reinga à la pointe nord de l'île du nord est le plus important parce qu'il marquerait le lieu de départ des âmes par lequel elles transitent vers Haiwiki, l'île d'origine des Maori où ils doivent retourner au moment de la mort afin de rentrer en paix chez eux.
- Les racines de ceux de Tangi to korowhiti et de Kawhai renfermaient une cavité utilisée par les tohunga (sortes de guides sprirituels) pour conduire les cérémonies en lien avec la guerre. 
 - Celui de Nga-uri-apo est un arbre funéraire tapu (tabou) dans l'île de Tuhua (Mayor Island).

Mais sans être systématiquement sacré, le pohutukawa ordinaire était lui aussi un arbre important pour les Maoris pour de nombreuses raisons pratiques et symboliques. Ainsi, un pohutukawa, c'est :
- la première chose que l'on voit en s'approchant des côtes,
- le dernier repère en les quittant,
- utile pour la fabrication des armes, des outils et la construction de bateaux,
- un piège naturel qui attire les oiseaux alors faciles à attraper,
- un point d'amarrage au bord de l'eau pour y attacher les canots,
- le dernier repos des morts que l'on plaçait à l'abri de ses racines et de sa canopée,
- un symbole de sagesse du fait de son grand âge et de ses formes,
- une représentation de la force spirituelle par sa résistance et sa tenacité à s'accrocher aux falaises,
- la source de plusieurs légendes et un lien entre le ciel et la terre.

Fleuraison - Pohutukawas - ©SM

Selon une histoire de la tradition Arawa, le chef Tauninihi retira sa coiffe de plumes rouges en appercevant les fleurs rouges de la canopée et en pensant qu'il en trouverait une plus belle en arrivant sur cette nouvelle terre alors inconnue. Il découvrit ensuite son erreur.
Cette parabole serait une façon de montrer qu'Aotearoa est digne du pays d'où l'on venait et que pohatukawa est le signe d'identification marquant le lien entre les deux, la confirmation de la relation existante entre le pays qu'on a laissé et le nouveau qu'on investit. Elle montre aussi que pohutukawa et ses fleurs entrent dans la mythologie d'origine dès le moment de l'arrivée des Maoris sur leur nouveau territoire.

Dans une autre légende souvent reprise, les fleurs rouges du pohutukawa sont le sang d'un héro mythique appelé Tawhaki qui se répandit lorsqu'il tomba du ciel alors qu'il cherchait à l'atteindre pour y retrouver/venger l'un de ses ancêtres.
Avec ce type d'histoire, l'exemple des ancêtres établit des principes humains de conduite qui montrent ici leur capacité d'aller de la terre au ciel, un élément fondamental des croyances Maories. Que ce soit un lieu ou une chose, tout ce qui est attaché à Tawhaki est particulièrement prestigieux et cela souligne une fois de plus l'importance que les Maoris attachent au pohutukawa identifié comme arbre majeur.

Pour le côté un peu savant, pohutukawa (et rata) sont des arbres endémiques à feuillage persistant qui  appartiennent à la famille des myrtacées (Myrtaceae) regroupant environ 3'000 espèces dans le monde, souvent productrices d'huiles aromatiques, parfois de fruits comestibles, parmi lesquels on peut citer l'eucalyptus, le goyavier, la myrte du maquis méditerranéen ou le giroflier. Géographiquement, ce sont des plantes des régions tempérées, sub-tropicales à tropicales dont on trouve les plus grandes concentrations en Australie et en Amérique tropicale alors que la Nouvelle-Zélande compte 19 espèces dans cette famille, arbres, arbustes et plantes grampantes.

Pohutukawas - ©SM
Le pohutukawa développe généralement plusieurs troncs, peut atteindre 20 mètres de hauteur, se couvrir d'une couronne de 35 mètres et vivre 1'000 ans. Troncs et branches sont parfois festonnés de racines aériennes et leurs feuilles vertes foncées sur le dessus sont velues sur le dessous, couvertes de sortes de poils blancs épais. Ces arbres aiment l'air marin chargé de sel. On les trouve à l'état sauvage naturel sur tout le pourtour nord de l'île du nord* où ils constituent l'essentiel des forêts côtières mais il complémentent aussi les forêts intérieures de kauris. Les arbres rencontrés plus au sud de l'île du nord ont été plantés par l'homme et il est difficile de savoir si ceux qui poussent dans les terres près de Rotorua et du lac Taupo sont une occurence naturelle ou s'ils ont été plantés par les Maoris.

Capables de pousser sur des sols pauvres, les pohutukawas ont colonisé les flancs du Rangitoto dans le golfe d'Hauraki après sa dernière éruption il y a 600 ans, si bien qu'ils y constituent aujourd'hui la plus importante forêt de cette espèce.
Les racines et la plante dans son ensemble sont capables d'une grande flexibilité d'adaptation qui explique ses circonvolutions, se modelant au terrain pour aller chercher les poches d'humidité là où elles sont et selon les besoins. C'est cette adaptabilité aux conditions qui rend chaque arbre unique et magique, des êtres forts et massifs, complètement alambiqués et biscornus mais d'une solidité et d'une longévité redoutables. L'arbre prévient l'érosion et protège les sols mais gare au jour où il tombe après sa mort, il peut emporter avec lui tout un pan de falaise dont il assurait le maintien.

Vieux pohutukawas et nouvelles plantations - Project Crimson - ©SM

Son bois solide et durable, résistant à l'eau et aux insectes, extrêmement dur et noueux était difficile à travailler et c'est cette caractéristique qui le protégea de toute surexploitation. Les européens s'en servirent pour la construction navale, utilisant notamment les noeuds des racines et des branches à la fabrication de solides chevilles pour les coques des navires.
Comme beaucoup d'autres des espèces endémiques de Nouvelle-Zélande après des millénaires d'isolation, l'arbre possède toutefois peu de défenses naturelles contre des maladies ou les espèces apportées par l'arrivée des hommes. Menacé, il souffre particulièrement du grignotage incontrôlable des opposums qui peut lui être très rapidement fatal (Avec ce type d'exemple, on comprend rapidement le pourquoi de la psychose nationale avec ses lois de "biosécurité").  

Pohutukawas - ©SM
Avec la fleuraison, on remarque à leurs concerts de piallements de grandes concentrations d'oiseaux dans les arbres. Les fleurs qui resemblent à des pompons sont composées d'étamines rouges réparties en boule autour d'une sorte de coupe remplie d'un nectar qui les attirent de même que les insectes, lézards et chauve-souris afin qu'ils jouent leur rôle essentiel à la reproduction par polénisation des fleurs. Plus tard viendra le fruit, une capsule sèche remplie de centaines de petites graines qui ont besoin de lumière pour germer et peuvent le faire en terrain ouvert, dans les fissures et trous des falaises. Les pousses grandissent très rapidement les premières années, de l'ordre de 30 centimètres par an (5-10 cm pour le diamètre) mais la croissance ralentie avec l'âge pour ne plus ensuite gagner que 10 cm par an (2 mm de diamètre). 

Dans la famille des myrtacées, rata (R), qui compte plusieurs variétés, est un cousin proche de pohutukawa (P). Rata et Pohutukawa appartiennent à la même espèce (Métrosidéros / "coeur de fer"), ont beaucoup de points communs et peuvent s'hybrider, souvent confondus parce que difficiles à distinguer pour les néophytes. Mais en étant un peu pointilleux et un peu observateurs, quelques nuances permettent de les distinguer en se référant aux fiches du Project Crimson, par exemple :
- à la naissance, l'un pousse à partir de la graine dans le sol (P) alors que l'autre démarre souvent comme épiphyte (R) c'est-à-dire que la plante pousse en se servant d'une autre plante en support, 
- la couleur des fleurs est plutôt rouge-brun pour l'un (P), rouge écarlate pour l'autre (R),
- la taille des étamines de 4-7 cm est un peu plus longue pour (P) que pour (R) qui ne dépasse pas 3 cm,
- les fruits et graines forment un bouquet d'environ 30 gousses pour (P) contre un bouquet de 10-15 gousses pour (R)
- les feuilles sont sans doute l'élément le plus distinctif et le plus facile à observer. Elles font  4-7 cm et sont de forme arrondie ou pointue et velue pour (P), plus petite pour (R) à 2-4 cm avec une forme ronde légèrement dentelée.

Chant de Noël et cartes de voeux
 
Pohutukawa ou rata, peu importe, ce sont des arbres iconiques de la Nouvelle-Zélande particulièrement mis à l'honneur en cette saison estivale / période de Noël qu'ils symbolisent. Mais je n'ai pas eu besoin d'attendre leur fleuraison pour les remarquer; bon pied bon oeil, leur pouvoir de séduction est irrésistible et s'amplifie avec l'âge si bien que je me devais de dédier un article à ces augustes vieillards qui ne cessent de me fasciner, avec pour finir, un peu de poésie ...


Pohutukawa 
(Jan Kemp / en hommage au poète néo-zélandais Curnow)
old pohutukawa
still living
fedgings scrapping
in his branches
he grapples
the isthmus of two harbours
(Dont on peut faire la traduction approximative suivante : Vieux pohutukawa, toujours en vie, oisillons piaillants, en ses branches, ancrage, de l'isthme aux deux ports)


*la zone de Taranaki à l'ouest jusqu'à la péninsule de Mahia à l'est 

Nota :
Project Crimson est une association créée en 1990 en partenariat avec le ministère de l'environnement à une époque où 90% des pohutkawas côtiers avaient disparus, L'association travaille à la défense et à la protection des ratas et pohutukawas de Nouvelle-Zélande. Depuis sa création, les bénévoles ont planté des centaines de milliers d'arbres, plus de 300'000 au compteur.  

Aujourd'hui dans mon petit lexique Maori - Français :
Aetearoa : pays du nuage blanc
Hutukawa : coiffe de plumes rouges
Po : nuit - monde souterrain
Tapu : tabou - interdit
Tohunga : guide spirituel

Sources et plus d'infos :
Pohutukawa and biodiversity - Department of conservationICI
Pohutukawa - The Encyclopedia of New Zealand - ICI
Site du Crimsom project (voir en particulier les Fact-sheet de la page ressources) - ICI
Pohutukawa - Department of Conservation - ICI
Department of conservation - Fiche Rata and Pohutukawa : Native Plants ICI 
Pohutukawa trees - NZ History - ICI