vendredi 29 décembre 2017

LIVRES - The Penguin History of New Zealand de Michael King


Le livre de Michael King publié chez Penguin sous le titre "The Penguin History of New Zealand" est un peu LE livre de référence quand on arrive en Nouvelle-Zélande et qu'on cherche une bonne introduction à l'histoire du pays. C'est un ouvrage en anglais très abordable pour se mettre rapidement à niveau avec pour seule réserve* la date de sa dernière édition, 2003, sans nouvelle mise à jour après le décès de son auteur historien en 2004 si bien qu'au large panorama historique donné par le livre, il manque les quinze dernières années.

Découpé en cinq parties et trente chapitres plus ou moins chronologiques, le livre commence par la préhistoire et enchaîne ensuite rapidement sur l'arrivée des premiers habitants, les ancêtres des Maoris, en essayant de faire la part des mythes et de la réalité. Les datations scientifiques attestent de migrations à compter du 13ème siècle, contredisant les 800 avant JC des sources plus mythiques. Des marqueurs génétiques leur donnent pour origines l'est de la Polynésie (îles de la Société et îles Cook, hors Marquises) dans ce qui est considéré comme le dernier flux migratoire du triangle polynésien. Dans ce dernier mouvement, ces peuples de grands navigateurs auraient sans doute colonisé Aotearoa en plusieurs vagues relativement rapprochées.




Ces premiers colonisateurs de la Nouvelle-Zélande ont alors trouvé un environnement bien différent de leurs îles de départ et ils ont du s'adapter pour transformer leur culture polynésienne en ce qui est devenu la culture maorie. L'historien détaille ainsi trois grandes phases :

1 - Une période de colonisation de 100 à 150 ans pendant laquelle les nouveaux arrivants ont probablement vécu sur les ressources du pays : moa (l'oiseau géant qui ne savait pas voler parce qu'il n'avait pas de prédateur avant l'arrivée des hommes), phoques, fruits de mers, collecte de minéraux ... En suivant un mode de vie sans doute mobile mais pas complètement nomade, autour d'un lieu de base où ils tentaient d'acclimater les plantes apportées avec eux (des 8 plantes et 11 arbres amenés, seulement 6 espèces se sont adaptées au pays du fait du climat).



2 - Une période de transition au moment de l'extinction de certaines espèces (les moas en particulier) où l'agriculture prend alors plus d'importance pour représenter jusqu'à la moitié des besoins alimentaires. C'est une période ou l'art évolue et se modifie, les populations croissent et se stabilisent, s'associent parfois alors que les territoires se définissent en marquant le démarrage de l'ère tribale.

3 - L'aboutissement vers le 16ème siècle à la culture tribale indigène Te Ao Maori. Le mode de vie s'est transformé, les populations sont maintenant plus tournées vers la terre que la mer, sédentarisées. Désormais, la vie des gens est rythmée par les problèmes d'accès aux ressources, ceux du stockage des patates douces à la base de l'alimentation qu'il faut garder dans des puits à surveiller et protéger. C'est alors que se développent les pa (villages fortifiés) et une culture plus guerrière afin de se garder des razzias des voisins ou d'autres groupes plus lointains.

À ces grandes lignes, s'ajoutent des différences régionales de développement entre l'île du sud et celle du nord parce que le climat du sud ne permet de faire pousser la patate douce où les populations ne connaissent donc pas la même sédentarisation ... cette particularité explique aussi pourquoi, un peu plus tard, les colons européens ont pu s'approprier l'île du sud beaucoup plus vite que celle du nord, parce que la notion de territoire y était moins développée. 
Tout cela n'empêche pas l'épanouissement d'un ensemble de codes culturels communs, basés sur whakapapa (la parenté) définissant l'identité et la valeur d'un individu à l'intérieur de son cercle familial et/ou celui de sa tribu pour lesquels priment avant tout la lignée, les ancêtres et la terre d'appartenance. Globalement, il en résulte un système culturel complexe et une contrée divisée en territoires sur lesquels chaque famille/tribu exerce son propre contrôle : l'espace de chaque groupe est souvent délimité par la géographie ou des traits physiques du terrain (montagnes, rivières, vallées, forêts, etc.) alors que l'autorité y est établie et consolidée en fonction du temps d'occupation et/ou de l'exploitation des ressources et/ou encore par conquêtes.

Malgré le tribalisme, les concepts de base et les valeurs de la culture étaient donc acceptées et partagées d'un bout à l'autre du pays avec une même langue et l'acceptation des mêmes codes de conduite comprenant des notions essentielles telles que la "réciprocité", "l'équilibre des échanges" ou celle de "vengeance". Il n'existait pas de "Nation" Maorie en tant que telle mais une société tribale avec un sens de l'identité régionale très marqué n'excluant pas des relations commerciales et de coopération. Lorsque le code n'était pas respecté cela entrainait une réponse guerrière avec l'alternance de périodes de paix et de conflits, jamais rien de dramatique tant que les armes traditionnelles ont prévalues même si la culture maorie est considérée comme l'une des sociétés polynésiennes qui a le plus développé les aspects défensifs et guerriers.

Le livre apporte beaucoup d'informations sur tous les aspects de la société et de la culture maorie avant l'arrivée des européens. Les contacts établis avec ceux-ci commencent ensuite de façon sporadique et presque anecdotique* dans un mouvement à peine perceptible si bien que les Maoris n'ont pas eu de peine à y faire face et à contrôler le phénomène au début, profitant eux-même d'une (ré-)ouverture sur le monde comprenant l'accès à des produits inconnus (dont les armes à feu qui seront fatales à certaines familles/tribus lors des guerres des mousquets), des débouchés économiques et l'intégration de nouveaux venus dans leur tissu social : les Maoris collaborent, autorisent les choses, profitent et absorbent alors sans compromettre leur identité culturelle.

Gravure : marins Français et Maoris - Kororareka 1835
Avec le temps, les nouveaux venus se multiplient et semblent suivre un peu le même cycle que celui tracé précédemment par la colonisation polynésienne puisqu'ils commencent d'abord par (sur-)exploiter les ressources naturelles du pays (les phoques, puis les baleines, puis le bois) avant de se sédentariser petit à petit.

Pour les Maoris, les choses se gâtent à l'époque de la signature du traité de Waitangi, celle à laquelle des sociétés commerciales organisent et accélèrent une colonisation de masse vers ce qui est présenté comme un pays de cocagne dans un mouvement sortant du contrôle des autorités (il y aura longtemps cette dichotomie entre les "aventuriers" et les "autorités", assez caractéristique de "l'esprit libre" kiwi).

La New Zealand Company offre le transport gratuit pour les émigrants qualifiés

Le livre donne des éléments sur ce traité de Waitangi (même si là, pour le coup, j'ai trouvé les explications un peu rapides) et ses conséquences. On voit notamment bien la façon dont la Nouvelle-Zélande devient alors un pays à deux vitesses avec deux sociétés qui se côtoient, s'ignorent et ne se mélangent pratiquement plus/pas : chacun chez soit, les européens d'un côté, les Maoris de l'autre avec toutefois, parfois un certain niveau de collaboration pour complexifier tout ça.

Les Maoris perdront progressivement puis rapidement leur position dominante, du fait :
--> de guerres inter-tribales meurtrières avec l'introduction des armes à feu donnant à certains l'avantage pendant que d'autres se font massacrer,
--> de leur incapacité à se fédérer à temps face à une administration et une société coloniales bien organisées (et lorsqu'ils en réaliseront la nécessité avec le choix d'un roi Maori commun, ce sera trop tard, on leur mettra des battons dans les roues),
--> des guerres contre les Pakehas (les étrangers) déclenchées quand il est trop tard ou même parfois subies par des tribus "alliées" aux Pakehas, malgré les accords et échanges antérieurs,
--> et puis aussi et surtout, les ravages causés par les maladies apportées par la colonisation de masse, contre lesquelles les populations locales n'étaient pas immunisées. À la fin du 19ème siècle, les Maoris étaient considérés comme une "race en voie d'extinction" tant par les européens que par Maoris eux-même, réduits alors à 6% de la population totale alors qu'ils dominaient le pays moins de cinquante an plus tôt.

La Nouvelle-Zélande présentée comme un pays de cocagne ... où les immigrants apporteront maladies et dévastation auprès de la population locale.

Sans entrer dans tous les détails de l'histoire développée jusqu'à aujourd'hui sur un peu tous les plans - économique, politique, sociétal - je retiens plusieurs petites choses de cette lecture, dont, parmi tant d'autres :

D'abord ce monde à deux vitesses qui a perduré très longtemps entre européens et Maoris et qui explique bien des choses en matière d'inégalités de développement : l'autonomie des "poches maories", sans liens les unes avec les autres, les a par exemple empêchées de bénéficier des politiques suivies dans les autres zones "ouvertes aux occidentaux" que ce soit en matière de routes, d'infrastructures ou de prestations sociales. Ce n'est que vers le milieu du 20ème siècle, avec l'urbanisation progressive des Maoris que les choses changent et que l'appartenance tribale peut être transcendée pour favoriser l'émergence d'une identité maorie plus globale avec de nouvelles revendications et de nouveaux droits applicables à l'échelle du pays.
Parallèlement, j'ai été frappée - mais pas vraiment surprise - de l'attachement à l'Angleterre de la population d'origine européenne qui perdure même s'il commence à s'estomper : il explique par exemple les réticences à se fédérer au voisin Australien ou encore la ratification très tardive au sein des instances du Commonwealth des accords qui ont donné au pays son indépendance politique [ou même encore le choix plus récent de ne pas vouloir changer le drapeau].
Par ailleurs, pour l'anecdote, si on connait la force des All-Black néo-zélandais, je ne savais pas que le rugby est l'un des plus anciens éléments fédérateurs du pays (voire même le plus ancien), un peu le symbole de l'harmonie de deux populations qui se mélangent enfin pour créer une troisième voie avec à la clé l'émergence d'une identité néo-zélandaise dans laquelle chacun peut retrouver ses billes...

Autre point qui m'a amusé : la Nouvelle-Zélande est un pays qui apparait comme plutôt progressiste puisqu'il a réservé très tôt quatre sièges à l'assemblée pour les Maoris ou qu'il est le premier pays à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1893 ... l'histoire montre tout de même des motivations initiales pas toujours avouables et électoralistes par les responsables de ces "avancées" introduites parfois à leur corps défendant mais qu'ils n'ont ensuite jamais hésité à "récupérer". Ironie mise à part, il est vrai que le pays est un modèle sur bien des plans, par exemple l'un des premiers à avoir introduit des avancées sociales majeures bien avant tout le monde, comme la sécurité sociale dès le début du 20ème ...

Bref, une lecture dense et essentielle pour tout curieux cherchant à comprendre et enrichir son expérience chez les kiwis en y intégrant toutes ses dimensions historiques.

Notes :
* Pour mémoire : en matière de réserves, j'ai lu quelques critiques jugeant l'approche historique trop "européenne" de cette histoire. Sans être spécialiste, il m'a semblé que le texte était plutôt bien argumenté et équilibré, cassant certains mythes non étayés scientifiquement pour essayer autant que possible de s'en tenir aux faits ... Mais il ne peut sans doute pas être mauvais d'élargir ensuite cette base par d'autres lectures. The Matriarch de Witi Ihimaera par exemple est un livre intéressant - avec les limites d'un roman - parce qu'il couvre une large tranche d'histoire d'un point de vue maori.
* Tasman est le premier à avoir mis la Nouvelle-Zélande sur la carte du monde après son passage en 1642 (Elle lui doit d'ailleurs son nom, presque seul reste de ce voyage). Il n'y a ensuite plus aucun contact jusqu'au voyage de Cook en provenance de Tahiti, 126 ans plus tard. Cette partie de l'histoire est émaillée de quelques épisodes peu glorieux et d'un "raté historique" pour les français qui se sont fait griller au poteau par les anglais, plus rapides et plus malins pour récupérer la souveraineté du territoire auprès des Maoris ...

Voir aussi :
Waitangi - Aux sources du mythe fondateur de la Nation néo-zélandaise
The Matriarch de Witi Ihimaera

Titre : The Penguin history of New Zealand
Auteur : Michael King
Dernière édition : 2003

samedi 23 décembre 2017

Whanganui et Bushy Park Sanctuary

Au centre de l'île du nord de la Nouvelle-Zélande, définie par les deux bassins fluviaux qui lui donnent son nom, la région de Manawatu Wanganui sépare celles de Taranaki et de Wellington. W(h)anganui* - 3ème plus long fleuve du pays mais 1er pour ce qui est de la longueur navigable - a toujours eu une importance particulière pour l'Iwi (tribu) maorie qui en est la gardienne."Chargée de le protéger pour les générations actuelles et futures", elle revendique depuis les années 1870 la connexion spirituelle qui l'unit à son fleuve ancestral si bien qu'à l'issu d'un des plus longs litiges du pays, la persistence a fini par déboucher sur une loi votée le 15 mars 2017, accordant au fleuve sacré le statut "d'entité vivante", sur l'ensemble de son parcours "partant des montagnes jusqu'à la mer, y compris ses affluents et l'ensemble de ses éléments physiques et métaphysiques". Ce statut innovant et précurseur* revient à donner au fleuve "sa propre identité juridique, avec tous les droits et devoirs attenants" permettant à l'iwi de prendre un avocat chargé de défendre les intérêts du cours d'eau dans les procédures judiciaires qu'elle souhaite entamer pour le protéger.

Bushy Park Sanctuary - Honesty Box

Cette information nous a particulièrement frappés et intéressés parce que, coïncidence de timing, nous avons justement traversé la région et visité sa capitale quelques jours après le vote de la loi ... Ceci dit, il n'y avait pas vraiment de banderolles et de signes de réjouissance dans les rues de Whanganui pour l'annoncer et le fleuve lui-même, large et chargé au niveau de l'estuaire, ne nous a pas particulièrement séduits ou envoutés. Pour véritablement l'apprécier il faut sans doute en remonter le cours - possible en bateau à partir des quais de la ville - pour profiter notamment des espaces naturels déjà protégés du parc National de Whanganui établit en 1987. 

Historiquement, le site de Whanganui fut l'un des plus anciens établissements maoris de Nouvelle-Zélande mais la ville actuelle doit beaucoup de son développement aux colons européens amenés par la New Zealand Company, une entreprise commerciale privée qui organisa l'immigration comme un business. En 1840, incapable de répondre aux besoin en terre du flot régulier de migrants attirés par le district de Wellington, la NZ Company s'intéressa à l'estuaire de la Whanganui et commença à négocier avec les maoris du cru pour obtenir des terres. C'est ainsi qu'à moins d'une heure de route de Palmerston North et deux heures de demi de Wellington, la ville devint un centre de distribution pour la région.

Whanganui - Ville tranquille dans une région agricole

Traversée par sa rivière, la ville actuelle ne nous a pas particulièrement séduits. Nous avons pris le temps d'en faire le tour avec sa grand-rue bordée de quelques bâtiments plus ou moins anciens (une notion toujours relative en Nouvelle-Zélande) dont une ou deux façades de style art déco assez sympas, ses galeries, ses parcs et jardins, son musée au bâtiment impressionnant. 

Ce que nous avons par contre beaucoup plus apprécié, c'est une visite très "nature" en périphérie nord-ouest de Whanganui, au Bushy Park Sanctuary, un parc de 98 hectares donnant un exemple assez rare en Nouvelle-Zélande d'une forêt et de bush originels. Pendant plusieurs générations, le secteur a été cultivé par la famille Moore qui avait choisi d'en préserver le bush, un respect pour l'environnement d'origine plutôt exceptionnel. Frank Moore put en faire don en 1962 au Royal & Bird Protection Society avec l'ancienne maison edwardienne de la famille, aujourd'hui ouverte pour des nuitées ou des événements. 


Bushy Park Sanctuary - Les plantes épiphytes colonisent les arbres

La propriété est soigneusement contrôlée et elle est entourée d'une double barrière de protection automatisée pour préserver cet espace rare des animaux nuisibles. C'est un sanctuaire non seulement pour la flore mais aussi pour les oiseaux de tous types qui y ont trouvé refuge. À notre arrivée, les gardiens étaient en ville mais ce n'est pas grave, nous avons pu entrer et laisser nos 10 NZD de contribution individuelle demandée dans "l'honesty box" laissée devant la porte de la maison où nous avons pu nous munir en échange de la brochure détaillant par des couleurs les différents sentiers sillonnant la propriété.

Bushy Park Sanctuary - Mal au cou à force d'avoir la tête en l'air pour regarder les géants !

Pris individuellement, aucun ne demande plus d'une heure de marche mais il est possible de les combiner pour un circuit découverte d'1 à 2 heures que nous avons pris plaisir à suivre. La propriété est en fait découpée en plusieurs zones selon les types d'habitats : marais, bush ou forêt avec quelques points forts comme de très vieux et très grands ratas (même famille que les pohutuwakas) et quelques kauris. On plonge dans une très très belle forêt primaire avec un peu une impression de Jurassic Park.

Bushy Park Sanctuary

Une région de Manawatu Wanganui très agricole traversée et tout juste effleurée qui mériterait sans doute d'y passer un peu plus de temps notamment pour effectuer la remontée du fleuve Whanganui, faire des balades dans le parc National du même nom ou même un peu plus en amont pour se lancer dans une randonnée au "pont qui mène nul part". Des options sur une liste de "to-do" à voir, peut-être, dans un avenir plus ou moins proche !

Notes :
* Il existe toute une histoire sur l'orthographe de Whanganui (= "grande baie") ou Wanganui, avec "h" ou sans en fonction de la prononciation de ce mot maori. Il est aujourd'hui admis que la ville de Whanganui est orthographié avec le "h" (cela a été validé par un vote des habitants en 2006), alors que pour la région et le fleuve les deux variantes sont admises (mais le plus souvent orthographiées sans le "h") ... sachant par ailleurs que pour les Maoris le nom du fleuve n'est pas celui que les européens lui ont donné (même si Whanganui est un mot maori) mais : Te Awa Tupua. [tout ça donne une idée des malentendus qui ont pu exister et continuent d'exister entre la population d'origine européenne et celle d'origine maoris].
* Ce nouveau statut donné à un fleuve est source d'espoir pour tous les défenseurs de la nature qui ont largement relayé l'information sur les réseaux sociaux du monde entier; la presse nationale et internationale s'en est elle aussi largement faite l'écho.

Région de Manawau Wanganui

Infos pratiques :
Bushy Park Sanctuary
24 km au nord-ouest de Whanganui.
De la SH3, prendre Rangitatau East Road à la jonction de Kai Iwi, c'est à 8 km.
Barrières électriques avec double portails automatiques opérés par boutons. 
Sentiers faciles et sans grande difficulté
Prix adulte : 10 NZD

Plus d'infos :
Bushy Park Sanctuary  ICI
Un fleuve reconnu comme entité vivante en Nouvelle-Zélande - Hufftington Post 16/03/2017 ICI 
La Nouvelle-Zélande dote un fleuve d'une personnalité juridique - Le monde 20/03/2017 ICI
Le fleuve Whanganui, une "entité vivante" - Classe internationale 26/04/2017 ICI

Trois semaines sur les routes de Nouvelle-Zélande - Jour 8 (25/03/2017)

lundi 18 décembre 2017

Waiheke - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (2)

Deuxième plus grande île du golfe d'Hauraki après Great Barrier Island mais la plus peuplée, Waiheke (Prononcer "waille-hi-ki", ça sonne un peu comme Tahiti) est une destination touristique située à quelques encablures d'Auckland, assez prisée, notamment des touristes locaux si bien que les week-ends d'été, il n'est pas rare que le parc hotelier y soit "fully booked" avec pas/peu de possibilités de réservations de dernière minute.

Dans la baie d'Auckland, l'île de Waiheke est réputée pour ses vignobles, ses oliviers et son art de vivre

C'est une visite qui s'organise pour plusieurs jours ou en excursion à la journée. Avec la compagnie Fuller au départ des quais d'Auckland, des ferrys partent presque toutes les demi-heures et un aller-retour adulte au prix de 38 NZD. Il faut compter 40 minutes pour le trajet et un débarquement sur les quais de la baie de Matiatia, complètement à l'ouest de l'île de Waiheke où les tours et les bus* viennent ramasser les visiteurs. 
Avec la compagnie Sealink et ses ferry orange qui défilent toutes les heures sous nos fenêtres, il faut compter 45 minutes de trajet au départ d'Half Moon Bay et un prix du billet à 20 NZD par passager adulte auquel il faut ajouter le coût du transfert du véhicule (103.50 NZD pour une voiture / 41 NZD pour une moto), sans oublier de réserver, surtout en saison "haute". L'arrivée se fait alors à Kennedy Point, au sud-ouest de l'île. Pour ceux qui ne sont pas motorisés et qui emprunte ce ferry, il faut savoir que le coin est plus isolé et moins bien desservi que les quais de Matiatia.

Embarquement sur le ferry de Sealink à Kennedy Point / Waiheke

Nous, on a de la chance parce qu'on a le choix et c'est à moto (Ok...gros scooter ... moi, j'aime mon confort), par une belle journée de fin d'été que nous nous y sommes rendus une première fois, en excursion à la journée en partant avec le ferry de 7h00 et en revenant avec le dernier vers 19h/20h.

La moto c'est flexible, ça passe partout, ça s'arrête n'importe où et quand on veut ...

La partie la plus développée de l'île se situe à l'ouest avec les principaux vignobles, de belles plages et des zones villageoises avec cafés, restaurants, galeries, studios, salles d'exposition et boutiques. Nous, nous avions surtout dans l'idée de faire le tour de l'île que nous avons parcourue dans le sens des aiguilles d'une montre en commençant par les baies/plages du nord avant de partir à l'est et de revenir par le sud pour terminer à l'ouest. Il existe deux routes principales à l'est et à l'ouest, connectées entre elles, plus ou moins circulaires pour faire le tour de l'île et d'où partent une multitude de chemins secondaires permettant de rejoindre propriétés et baies plus isolées si bien qu'il faut bien toute une journée pour passer un peu partout. 

Au nord, Onetangi Bay, la plus grande des plages de Waiheke

Les plages du nord se succèdent.Elles peuvent se découvrir à pied en suivant un chemin de randonnée populaire nécessitant plusieurs heures de marche pour aller de la première baie à la dernière, avec la possibilité de combiner marche et trajet en bus pour couper ou pour retourner au point de départ (pour une prochaine visite).
Dans la série des baies et leurs plages, la plus grande est Onetangi Bay aux airs de station balnéaire avec ses maisons les pieds dans l'eau et son ambiance relax. Nous sommes même tombés sur un mariage les pieds dans le sable, une pratique assez populaire en Nouvelle-Zélande et moi, je trouve ça plutôt sympa, ça vaut bien Hawaii, non ?

Populaire en Nouvelle-Zélande : le mariage sur la plage, Onetangi Bay

Un peu plus loin, des routes de l'intérieur de l'île on aperçoit presque toujours l'océan alors que le paysage est très valonné mais jamais très élevé (le point culminant ne dépasse pas 231 mètres), marqué par les activités agricoles dont l'inévitable élevage de moutons ...

Waiheke - Paysage de l'intérieur de l'île

... avec quelques propriétaires toujours soucieux de bien marquer leur territoire et les limites données aux touristes ! 

Waiheke
 Un arrêt à la pointe nord-est de l'île permet de se dégourdir les jambes avec une balade au milieu des plantations d'oliviers ...

Oliviers de Waiheke
Olives de Waiheke
... des vignes presque à maturation au moment de notre visite, protégées des assauts des oiseaux par des filets juste avant les vendanges ...  

Vignes de Waiheke à l'est de l'île
 ... des rochers rigolos dans le paysage ... 

Waiheke

... jusqu'au site historique de Stony Batter Historic Reserve avec ses tunnels, ancien camp d'entrainement et de défense d'Auckland pendant la seconde guerre mondiale.

Au milieu des propriétés, site de Stony Batter Historic Reserve
Un des panneaux explicatifs près des anciens tunnels de la défense néo-zélandaise

Nous poussons ensuite jusqu'à la baie de Man O'war envahie par les plaisanciers et les baigneurs qui profitent non seulement du cadre mais aussi du vignoble du même nom, un peu excentré par rapport à ceux de l'ouest de l'île. L'ambiance est détendue au bar et dans le jardin ouverts pour les dégustations. 


Waiheke - Man O'war Bay
La baie de Man O'war populaire auprès des plaisanciers
Dégustations et détente au vignoble de Man O'war à Waiheke
Petite église proche de Man O'war à Waiheke

L'arrêt suivant c'est encore à l'est, à Orapiu et son ponton par lequel transite les ferry d'Auckland pendant leur liaison avec l'île voisine de Rotoroa et Coromandel. Le coin est magnifique, idéal pour la pause déjeuner avec baies et plages isolées ainsi qu'une réserve naturelle.

Baie d'Omaru - Waiheke
Quai du ferry d'Orapiu - Waiheke
Otakawhe Bay - Waiheke
Après un pique-nique facilité par les tables/bancs publics dans la baie d'Otakawhe, nous effectuons une jolie marche digestive jusqu'à Pearl Bay. Un exercice à l'abri des arbres, à flanc de relief avec de belles vues dominante pour aller découvrir une baie assez isolée et colonisée de "baches" de vacances typiques. Comme toutes les maisons de l'îles, ces bungalows sont équipés de leurs propres citernes pour emmagasiner et stocker leur eau. 
 
Sur le chemin agréablement ombragé, entre la baie d'otakawhe et Pearl Bay
Forêt de bambous en arrivant à Pearl Bay
Pearl Bay - Waiheke
Un "bache" à Pearl Bay - Waiheke
La découverte de toute la partie sud de l'île demande pas mal d'aller-retours par des routes qui finissent en cul-de-sac avec un peu toujours le même type de paysage traversant des propriétés agricoles pour aboutir jusqu'au différentes baies avec parfois quelques variations, de la mangrove par exemple.  

Côte sud - Waiheke
La côte sud parait la moins développée, ou la plus agricole. Sur le bord de la route, parfois, une "honesty box" propose au passant des produites locaux, les prix sont affichés, il n'y a qu'à se servir et à laisser ce qu'on doit dans la boite prévue à cet effet.

"honesty box" de Waiheke, ici à les ventes des œufs et des fruits
Dans le sud également, des plages et des parcs dont le parc régional de Whakanewha avec des colonies de pluviers de Nouvelle-Zélande, une espèce rare, qui viennent y nicher. 


Sculpture marquant l'entrée du site où nichent les pluviers de Nouvelle-Zélande
Plage voisine du site des nids de pluviers
Après une journée très "nature", nous avons terminé par l'ouest de l'île, la partie la plus urbanisée, la plus développée et la plus visitée sachant que tout est relatif puisque la population de Waiheke est de l'ordre de 9'500 habitants résidents auxquels il faut ajouter les estivants, propriétaires des 3'500 résidences secondaires que compte l'île, attirés par son micro-climat doux.
Une sculpture moderne au dessus de la baie de Matiatia témoigne du dynamisme touristique de l'île qui se manifeste notamment par une multitude de festivals et d'événements dédiés à l'art.

Sculpture moderne au dessus de la baie de Matiatia
Et puis évidemment, l'ouest de l'île est l'endroit qui concentre le plus l'activité vinicole et celle de la bonne bouche avec des vignobles très fréquentés où profiter d'un bon repas et des vins locaux dans un décor soigné mais toujours détendu, à la néo-zélandaise. C'est aussi là où se concentrent la majorité des touristes venus pour ça et qui ont permis à Waiheke de décrocher toutes sortes de récompenses et nominations pour son attractivité touristique : en 2016, l'île a ainsi été sacrée "5ème meilleure destination au monde" par le guide Lonely Planet... s'ils le disent !

Pour les amateurs et ceux qui souhaitent y rester plusieurs jours, il existe également toute une gamme d'activités plus ou moins sportives (payantes) comme l'équitation, le tir à l'arc, le tir au pigeon, l'accrobranche, etc.

Dans le paysage, Cable Bay Wineyard - Waiheke
Cable Bay Wineyard - Vous prendrez bien un p'tit verre ? ...
... à déguster en regardant la vue sur Rangitoto, ici en fin de journée.
Nous, c'était surtout une prise de contact pour découvrir le côté nature de l'île qui nous a vraiment séduits avec des pistes à creuser / des randonnées à faire si nous décidions d'y retourner. Un must-see d'Auckland pour lequel nous recommandons vivement de disposer d'un véhicule afin de profiter au mieux de l'intégralité de l'île. 

Notes :
* Associée à Fuller, 360 Discovery Cruise propose des formules touristiques plus ou moins complètes pour visiter les vignobles, goûter les vins, dîner ou faire quelques attractions touristiques du type accrobranche. L'une des formules pour ceux qui ne sont pas motorisés mais qui veulent tout de même garder une certain liberté, c'est de prendre le billet du bus à impériale qui sillonne les principaux points touristiques de l'ouest de l'île avec le "hop-on hop-off bus".


À savoir :
- L'accès à l'île peut également se faire par un vol panoramique en hélicoptère !
- Waiheke signifie l'île des "eaux ruisselantes" en maori
- Avec plus de 100 pers/km2, Waiheke a la 3ème plus forte densité du pays.
- L'île fait 19,3 km de long, varie en largeur de 0,6 à 9,6 km alors que son périmètre totalise 134 km de côtes dont 40 km de plages.

Voir aussi :
Rangitoto - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (1)

Plus d'infos :
Waiheke island of wine ICI
Site des ferrys Fuller, page de Waiheke pour un départ passager d'Auckland (billets/horaires dans l'onglet) ICI
Hop-on Hop-off bus tour ICI
Site des ferrys Sealink pour un transfer avec véhicule, départ d'Half Moon Bay (quelques départ d'Auckland) ICI

mercredi 13 décembre 2017

En Nouvelle-Zélande les va-nu-pieds sont rois !

En Nouvelle-Zélande, il n'est pas rare de voir les gens marcher pieds-nus surtout avec l'arrivée des beaux jours, pas seulement à la plage où cela n'a rien de surprenant mais partout et n'importe où, en ville, sur les trottoirs, dans les magasins, à l'école*, enfants comme adultes ... C'est une pratique si courante qu'elle ne manque pas d'étonner les étrangers - moi la première - et qu'on la retrouve ainsi mentionnée sur de nombreux forums, blogs et autres articles traitant de la Nouvelle-Zélande.

Photo d'un enfant pieds-nus en Nouvelle-Zélande
À Auckland, des pieds en liberté, en "jandals" ou "nus", chacun fait fait fait c'qui lui plait plait plait ♪♫

Dans la version anglaise* d'un article wikipedia consacré aux "pieds nus"/Barefoot (et oui, l'article existe, on trouve vraiment tout et n'importe quoi sur wikipedia !), j'ai même déniché un paragraphe consacré à la Nouvelle-Zélande qui semble révéler une certaine susceptibilité nationale en la matière puisqu'on peut y lire qu'en 2010, un conférencier américain a raté une opportunité de travail en Nouvelle-Zélande après avoir qualifié la pratique "d'arriérée et de non civilisée, malsaine et répugnante pour les Nord-Américains" ... tout ça dans un article publié en réponse à une tribune moquant la politique de l'État du Texas imposant le "pas de chaussure - pas d'emploi" (pauvre conférencier, interdit de travail en Nouvelle-Zélande alors qu'il ne parlait même pas du pays ...Comme quoi, il faut se méfier de ce qu'on écrit ...). Wikipedia mentionne aussi un journaliste du New York Times, spécialisé dans les voyages, "frappé" par le phénomène néo-zélandais, les nombreux expatriés qui sont toujours étonnés de l'ampleur de la chose ainsi qu'une polémique relativement médiatisée en 2014 entre un passager d'Air New Zealand qui a voulu embarquer pieds nus alors que les règles de la compagnie l'interdisent ...


Photo d'un enfant pieds nus au supermarché Auckland Nouvelle-Zélande
La tenue nationale décontractée, short, "jandals" pour papa, pied-nus pour fiston...Le bonnet par 23ºC? ... bientôt Noël ou on fait ben c'qu'on veut !

Les pieds nus de Nouvelle-Zélande constituent donc une spécificité nationale, si incongrue aux yeux des étrangers qu'elle figure presque systématiquement dans certaines listes aux titres accrocheurs établies sur les blogs de voyage comme "les (n) choses qu'on ne m'avait pas dites avant d'aller en NZ".
Certains tentent des analyses plus poussées, notamment dans la presse : Est-ce que c'est un problème de marcher pieds nus ? Est-ce malsain ou dangereux ou au contraire apaisant ? Il existe des arguments pour et d'autres contre mais bon, au final, chacun fait ce qu'il veut tant qu'on ne vient pas légiférer là-dessus pour réglementer la chose !

D'autres enfin tentent de donner des explications sur le pourquoi de cette pratique nationale qui appartient presque au patrimoine génétique du kiwi. J'ai ainsi relevé :
- des raisons culturelles : en matière d'habillement et de présentation, les néo-zélandais sont en général plus décontractés que dans les autres pays et dès leur plus jeune age, les enfants préfèrent marcher pieds nus. (la décontraction c'est plutôt vrai)
- des raisons culturelles plus spécifiques aux Maories : marcher pieds nus permet d'être connecté directement avec mère-nature. Dans un marae (lieu de rencontre), un wharenui (maison des rencontres) est un lieu tabou/sacré dans lequel on ne peut pas marcher chaussé afin de ne pas désacraliser l'endroit. (Ok, pourquoi pas)
- des raisons climatiques : des températures estivales confortables pour marcher pieds-nus. (oui, c'est plutôt vrai. Il n'y a pas de variations extrêmes sur Auckland et dès que les températures s'adoucissent, les pieds sortent ...)
- la propreté des trottoirs exempts de crottes de chiens, de parasites et autres dangers (?).  (C'est vrai que les trottoirs sont plutôt bien entretenus mais personnellement, je garde quelques réserves sur leur aseptie).

photos de pieds-nus Nouvelle-Zélande
À la caisse du magasin d'électronique, la preuve (un peu floue) que les adultes vont eux aussi nus pieds ...

Et pendant qu'on y est, ces éléments complémentaires donnés par un podologue :
- des raisons de physionomie : la majorité des néo-zélandais ont des pieds plutôt larges et plats. Historiquement, les chaussures étaient importées d'Europe où elles répondaient à des critères physionomiques plus fins si bien que les gens préféraient marcher pieds nus plutôt que de porter des chaussures inconfortables, trop étroites. (Ah, tient, s'il le dit, c'est intéressant ça, non ?!)    
- des raisons historiques : pendant la grande dépression, les chaussures passaient d'un enfant à l'autre sans toujours être à la bonne taille si bien qu'ils étaient souvent mieux pieds-nus. (OK mais ça commence un peu à dater quand même.) 
- les pratiques à l'école : dans les écoles primaires, les enfants enlèvent leurs chaussures en classe et souvent, la pratique du sport se fait pieds-nus dans l'herbe. (Et ben voilà, ça c'est du vécu qui peut expliquer des choses.) 
- la commodité : c'est juste le plus pratique !  (Ok sûr, une vraie lapalissade !)
- la décontraction nationale qui rejoint les raisons culturelles évoquées précédemment  ...

Et pour rire, il faut bien sûr parler des "gènes de hobbit (cachés)" des néo-zélandais, tout de même régulièrement évoqués (ahahah !  Peter Jackson a quand même fait du bon boulot !) ...


Photo d'enfant pieds-nus Nouvelle-Zélande
Insolite ... Dans le magasin de chaussures, essayage pour les parents mais la fifille, elle, allait pieds-nus ...

Bref, un sujet qui défraye la chronique et à laquelle j'ajoute ma voix aujourd'hui, même si le phénomène serait en régression et beaucoup moins courant qu'avant. Pour le moment, moi je trouve que c'est encore une pratique bien vivante comme l'illustrent les quelques photos de cet article toutes prises en moins d'une demi-heure quand j'ai pensé à le faire il y a quelques jours en anticipant ce sujet, un samedi après-midi aux températures estivales.

Notes :
* Comme je ne fréquente plus vraiment les écoles, je précise que je les vois quand je passe en voiture au moment de l'entrée et surtout de la sortie des classes, les enfants en uniformes avec leurs sacs et sans chaussures ...
* Pas de mention de la Nouvelle-Zélande dans la version française de l'article wikipedia "pieds nus" sachant que la version anglaise de l'article est bien plus développée et étayée ... pour ceux que ça intéresse !

Plus d'infos :
Danielle Murray : Bare feet soothing to the sole and the soul - NZ Herald 15/01/2014 ICI
Quora - Why do some New Zealanders walk on the steet without wearing shoes ?  ICI
Barefoot - Wikipedia ICI

jeudi 7 décembre 2017

Rangitoto - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (1)

Trait d'union entre la ville d'Auckland et l'océan Pacifique, le golfe d'Hauraki est un parc maritime parsemé de cinq réserves marines (pêche interdite) et d'une myriade d'îles (une cinquantaine) qui offrent de magnifiques objectifs d'excursions même si elles ne sont pas toutes accessibles au public*.

Quai du ferry à Rangitoto - L'objectif de l'excursion est le sommet derrière !

La plus évidente et la plus facile d'accès, c'est l'île de Rangitoto, landmark de la ville que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer dans un article à mon arrivée à Auckland. Aux éléments généraux déjà traités, je peux maintenant ajouter "l'expérience" puisque j'ai eu l'occasion de m'y rendre trois fois cette année. Il faut dire que lorsqu'on reçoit des visiteurs, Rangitoto est un peu l'incontournable et surtout l'excursion du golfe la plus facile à organiser du fait de la proximité de l'île et de sa desserte en ferry, tous les jours, toute l'année.

Le sommet, c'est tout droit, ça monte mais le chemin est bien aménagé avec pas mal de marches quand on s'approche de l'objectif

Il existe des variations de service en fonction des saisons et des jours de la semaine mais on peut être sûr d'avoir toujours la possibilité d'au moins un aller-retour dans la journée sachant qu'au départ d'Auckland l'été, on a en général le choix de trois départs en semaine pour cinq le week-end avec respectivement trois ou quatre options de retour (mais il ne faut surtout pas rater le dernière navette). Les quais sont situés en plein centre ville, au Pier 4 placé à gauche du bâtiment historique du terminal de ferry.
Il est également possible d'embarquer de Devonport.

Embarquement immédiat ! [mais il faut être là une demi-heure à l'avance]

À moins de se lever à l'aube pour partir à 7h30 le week-end et profiter du tarif "early-bird" à 20 NZD, il faut plutôt compter 60 NZD l'aller-retour pour un adulte. On peut réserver et imprimer les billets à l'avance à partir du site de Fuller, la company qui assure les navettes, ou acheter les billets sur place dans la cabane située sur le trottoir, à côté des départs. L'île est une réserve naturelle protégée, "pest-free" (sans animaux nuisibles) si bien qu'avant l'embarquement, les voyageurs sont priés de frotter leurs chaussures sur les brosses prévues à cet effet en plus de recevoir quelques consignes pour éviter notamment de transporter vers l'île (inintentionnellement) des animaux nuisibles pour la faune et la flore de l'île.

Prière de bien s'essuyer les pieds avant d'embarquer !

Les excursionnistes doivent prévoir leurs propres provisions d'eau et de nourriture car il n'y a absolument aucun équipement sur l'île à cet effet (au pire, le ferry dispose d'un bar où l'on peut effectuer quelques achats). Pas de poubelles non plus sur place, tout le monde est prié de récupérer et de rapporter ses déchets pour garder l'île propre et tout jeter au retour (poubelles sur le ferry ou à terre au retour). les seuls équipements sont des toilettes (mais on peut aussi prendre ses précautions sur le ferry avant de descendre). La traversée avec l'arrêt à Devonport prend 35 minutes et c'est déjà un plaisir rien que pour la navigation et les points de vues qu'elle donne sur la ville et ses environs, Devonport et Rangitoto.

Des champs de lave, de la végétation qui s'accroche tant bien que mal, une route tracée sans beaucoup d'ombre !

Il existe des tours organisés avec à l'arrivée sur l'île des wagonnets tirés par un tracteur; ceux-ci permettent de bénéficier des explications d'un guide et de faire la boucle qui traverse les champs de lave mais ne dispensent pas complètement de la grimpette jusqu'au sommet ... À moins d'être un inconditionnel des visites guidées, il n'y a vraiment pas besoin de passer par un tour organisé pour se rendre à Rangitoto : la brochure, gratuite, contient une carte et des informations et sur place, les chemins sont bien balisés et agrémentés de panneaux informatifs. Pour ceux qui veulent en savoir plus, les abris proches des quais et des toilettes exposent ainsi quelques panneaux sur l'histoire de l'île, sa faune et sa flore auxquels s'ajoutent, à plusieurs endroits de la montée au sommet, des informations complémentaires relatives à l'origine volcanique de l'île et la géologie ... pas bête, ils sont stratégiquement positionnés pour faire des pauses pendant "l'ascension".

Globalement peu d'ombre à Rangitoto mais des fois, comme ici, un petit moment de répit pour se protéger du soleil, magique !

Ah, oui, l'excursion à Rangitoto c'est avant tout de la marche pour accéder au sommet (220 mètres de dénivelé, ce n'est pas vraiment un exploit !) et ses vues à 360º. C'est aussi la découverte d'une île entièrement volcanique (la dernière éruption date d'il y a environ 600 ans et si le champ volcanique d'Auckland est toujours actif , il y a peu de chance que ce jeune cône volcanique crache de nouveau). En marchant tranquillement, il faut compter une bonne heure pour arriver au sommet en suivant la "main summit track". Pendant la montée, outre la lecture des panneaux, les pauses pour regarder la vue et le paysage de lave sur lequel s'accroche la végétation, on peut aussi faire un crochet jusqu'aux "lava caves", des grottes formées par le passage de la lave (ajouter vingt minutes/une demi-heure avec le crochet).

Lava caves - Les grottes de Rangitoto formées par les coulées de lave
Avant la dernière volée d'escaliers menant au sommet, un balcon permet d'observer le cratère dont on devine la forme plus ou moins engloutie par la végétation. Un sentier permet d'en faire le tour mais la végétation bouche pas mal la vue, aussi bien sur le cratère qu'à l'extérieur si bien qu'il n'a qu'un intérêt limité en dehors d'un peu d'exercice supplémentaire. 

L'intérieur du cratère de Rangitoto envahi par la végétation

Le plus chouette évidemment c'est le panorama du sommet à partir des vastes terrasses en bois qui y ont été aménagées. On domine tout le golfe d'Hauraki avec des vues splendides dans tous les sens. C'est l'endroit idéal pour pique-niquer, là où tout le monde pose son sac et sort ses sandwichs ... on y a même vu des épicuriens (français, of course !), avec verres à pieds et bouteille de vin, sirotant en profitant du paysage. Seul nuisance, surtout l'été : les guèpes attirées par la charcuterie ou les sucreries, attention !

Du sommet, vue nord-ouest vers Devonport, le centre d'Auckland et Waitakere Ranges

Un fois rassasiés et repus du paysage, il faut redescendre avec plusieurs options :

1 - Reprendre le même chemin, bien aménagé, le plus direct et le plus court. Facile à faire avec un départ à 10h30 d'Auckland pour un retour avec le ferry de 14h30 qui laisse ensuite le temps de faire autre chose dans la journée.

Beacon Lighthouse, au loin, sur son rocher (pas d'accès)

2 - Retour par McKenzie Bay et Beacon Lighthouse, le plus long. Pas de soucis de balisage mais le chemin (route) est dur et il est facile de déraper sur les gravillons. Les paysages sur les pentes du volcan sont peu variés et répétitifs, ce sont toujours les mêmes, partout dans l'île et comme il y a peu d'ombre il faut faire attention à la chaleur l'été. La plage de McKenzie (pas mal de plaisanciers les week-ends d'été) et le phare rouge et blanc offrent un peu de diversité. Une fois revenus sur le chemin qui longe la côte, une courte zone d'ombre, un peu de mangrove, une colonie d'oiseaux (black gulls) et quelques "baches" typiques apportent là encore un peu de variété. Option suivie en journée complète, départ d'Auckland à 9h15 pour un retour à 17h avec un choix de pique-niquer sur la plage de McKenzie plutôt qu'au sommet.  

Un peu de mangrove au sud de l'île, ça change un peu !

3 - Retour par Islington bay Road. Mêmes remarques que précédemment sur les paysages, l'exposition et la nature du sol sur le chemin. Option suivie avec un départ d'Auckland à 10h30, retour à 15h30. (Nota : en marchant vite - et sans tomber ! - il doit même être possible de prendre le ferry de retour 14h30).

Petite baie du sud de Rangitoto avec vue sur Devonport et derrière, le centre d'Auckland

À Rangitoto, à proximité du quai, il reste quelques "baches" privés dont certains peuvent être loués alors que le "numéro 38" sert de musée ouvert au public certains jours, de l'arrivée du premier ferry jusqu'au départ du dernier, le tout géré par le Rangitoto Island Historic Conservation Trust. Ce "bache" 38 (prononcer "bat-che") permet de voir en grandeur nature à quoi ressemblaient ces maisons de vacances si typiques de la Nouvelle-Zélande, des constructions montées de façon un peu sauvage, toutes simples, avec le minimum mais assez de confort pour profiter de la plage, de la famille et des copains. Intéressant quand le musée est ouvert et qu'on a encore un peu de temps avant d'embarquer.

"Baches" de Rangitoto - Certains à louer alors que le numéro 38 est un musée qui se visite
Il nous reste encore quelques chemins inexplorés à l'est de Rangitoto et sur l'île voisine de Motutapu avec sans doute encore quelques belles balades très "nature et volcan" en perspective.

Nota :
L'île est couverte de la plus importante forêt de pohutukawas. L'excursion est donc très populaire et particulièrement prisée au mois de décembre au moment de la floraison.

Fleurs de pohutwaka en décembre
Notes :
* Encore beaucoup d'îles appartenant au domaine privé + quelques îles et îlots protégés fermés, au statut de "Nature Reserve" (en rouge sur la carte) - (En vert sur la carte, les "Conservation Reserve" comme Rangitoto, ouvertes au public).

Golfe d'Hauraki avec les îles d'Auckland
Infos pratiques :
Rangitoto : des ferrys tous les jours, toute l'année, au départ d'Auckland ou de Devonport
Prix du ticket adulte - Aller-retour - 60 NZD
Achat du ticket sur place ou réservation en ligne auprès de Fuller
Prendre la brochure avec carte et infos dans la cabane qui vend les tickets
Prendre des provisions d'eau et un pique-nique (aucun magasin dans l'île)
Traversée de 25 minutes
Compter un minimum de 3-4 heures sur l'île

 
Voir aussi :
Waiheke - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (2) 

Plus d'infos :
Site du Rangitoto Island Historic Conservation Trust ICI
Page du site de Fuller Ferries sur Rangitoto - Horaires et infos tickets dans l'onglet en haut de page -  ICI