vendredi 27 avril 2018

Karioitahi - Les plages de sable noir d'Auckland (7)

Karioitahi est une plage de sable noir située près de Waiuku dans la région d'Auckland, à environ soixante-dix kilomètres au sud-ouest de la capitale, à la base de la péninsule sud bouclant Manukau Harbour.

Photo d'un tronc sculpté Karioitahi beach Auckland Nouvellle-Zélande
Tronc partiellement gravé - Karioitahi Beach   ©SM
Avec un permis*, la plage est ouverte à la circulation des 4x4 avec un accès "nord" et un accès "sud" séparés l'été par une zone de baignade surveillée que les voitures ne se privent pas de traverser en roulant au pas.

Photo de panneau Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Karioitahi beach - Accès des véhicules à la plage et panneau d'informations   ©SM
L'accès nord est le plus praticable avec du sable dur bien tassé alors que l'accès sud situé après le poste de surveillance passe par du sable sec de bonne profondeur ... L'accès sud est donc à favoriser alors que pour la circulation, c'est le contraire : la plage qui part au nord est relativement accidentée (beaucoup de rochers) avec pas mal de risques d'enlisement, même avec un 4x4 (nous en avons fait l'expérience avec une petite suée pour nous en sortir) ....

Photo de Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Vers le nord - Des rochers et du sable meuble, attention, risque d'enlisement   ©SM
... et il vaut mieux rouler vers le sud où la plage est large, plane et le sable plus dur, mieux adapté à la circulation.   

Photo de Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Vers le sud - Une véritable autoroute !   ©SM
Il n'est toutefois pas nécessaire d'avoir une voiture pour profiter de cette belle plage, assez fréquentée par les locaux qui viennent y pratiquer toutes sortes d'activités. Outre les conducteurs de tous poils et de tous âges (4x4, quads, motos), c'est un endroit apprécié des cavaliers, nombreux ...

Photo de cavalier mer de Tasman Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Pas mal de cavaliers et de chiens à Karioitahi Beach   ©SM
 ... des baigneurs qui, en été, bénéficient comme souvent d'une zone surveillée relativement restrainte sur la mer de Tasman (dangereuse), délimitée par les drapeaux aux couleurs jaunes et rouges ...

Photo de la zone de baignade mer de Tasman Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Entre les drapeaux, la zone surveillée pour la baignade et le surf - Karioitahi beach  ©SM
.. avec, c'est souvent le cas sur les plages néo-zélandaises, des postes de secours et du matériel sponsorisés par BP qui en profite bien sûr pour le faire savoir en s'affichant ...

Photo de zodiacs mer de Tasman Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Zodiacs du poste de secours aux couleurs BP   ©SM
 ... des surfeurs...

Photo de surfeur mer de Tasman Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Surfeur sur Karioitahi beach   ©SM
  ... des marcheurs avec ou sans chiens ... des campeurs ... et des pêcheurs. 

Photo de pêcheurs mer de Tasman Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Pêcheurs - Karioitahi beach   ©SM
La mer de Tasman et la plage de sable noir sont bien sûr au coeur du paysage réhaussé de quelques spécificités : une chute sur trois niveaux en cascade dans un retrait de la falaise aux formations colorées et alvéolées étonnantes, proche de l'accès nord ...

Photo de falaise et chute Karioitaho beach Auckland Nouvelle-Zélande
Un mur de falaise multicolore avec d'étranges alvéoles et tout au fond, une belle chute d'eau   ©SM
  ... une autre petite chute d'eau tombant directement sur la plage, plus au sud ...

Photo d'une chite d'eau sur Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande

... beaucoup de coquillages qui craquent sous les pneus et/ou les pas ...

Photos de coquillages sur Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Beaucoup de coquillages à Karioitahi beach   ©SM
... de la végétation cotière sur les dunes littorales, là où la plage s'élargie.


Et pour en savoir plus sur l'histoire de la zone de Karioitahi, peuplée depuis longtemps par les maoris puis les colons européens on peut se référer au panneau d'information du parking sud, à côté du poste de secours ...

Photo de panneau Karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande

... avant de reprendre la route à travers une zone rurale, presque sans transition entre la plage et les pâturages.

Photo de karioitahi beach Auckland Nouvelle-Zélande
Karioitahi beach - Plage et route d'accès   ©SM
Une très belle plage avec une ambiance très sympathique, multi-loisirs et familiale. Relativement sauvage en dépit de sa popularité du week-end. Malgré la similitude des couleurs, elle est assez différente de celles qui se concentrent dans la zone de Waitakere Ranges regional park. Un peu le bout du monde, à faire et refaire et à compléter de la visite de la péninsule avec ses parcs et son phare (mais il faut prévoir une journée complète rien que pour ça) et/ou de la forêt de Waiuku sur l'embouchure de la Waikato un peu plus au sud (assez proche de Karioitahi, peut se faire en complément sur une même journée).

Nota :
* La circulation 4x4 sur Karioitahi beach nécessite l'obtention préalable d'un permis gratuit, renouvelable annuellement, à demander sur le site du Auckland Council. Il s'obtient en trois minutes. Il suffit de remplir un formulaire en ligne avec des informations personnelles de base, les informations du véhicule, la raison de la demande et le choix de la plage pour une délivrance immédiate. (ICI)

Voir aussi :
Les plages de sable noir d'Auckland (1), Muriwai, Muriwai Regional Park
Les plages de sable noir d'Auckland (2), Te Henga (Bethells Beach), Waitakere Ranges RP
Les plages de sable noir d'Auckland (3), Anawhata, Waitakere Ranges RP
Les plages de sable noir d'Auckland (4), Piha, Waitakere Ranges RP
Les plages de sable noir d'Auckland (5), Karekare, Waitakere Ranges RP
Les plages de sable noir d'Auckland (6), Whatipu, Waitakere Ranges RP

Plus d'infos :
Waiuku's Karioitaho Beach perfectly imperfect - Stuff 31/12/2015 ICI 
Apply for a permit - Karioitahi Beach - Auckland Council ICI
Horaires des marées Karioitahi ICI

mardi 24 avril 2018

Les champs du souvenir d'ANZAC day - 100 ans

Pour ANZAC day et cette année 2018 un peu particulière qui marque le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, des villes et des villages de Nouvelle-Zélande se sont encore couverts de "champs du souvenir" (Fields of Remembrance) composés de milliers de croix blanches érigées en mémoire des combattants néo-zélandais tombés sur les champs de batailles et dont les noms sont ainsi honorés.

Photo du champ du souvenir Auckland 2018 crois du soldat inconnu Nouvelle-Zélande
Champ du souvenir - Auckland 2018 - Croix du soldat inconnu   ©SM
Un moment toujours aussi fort et important du calendrier néo-zélandais, porté par les slogans du type "Lest we forget" équivalents à notre "Nous n'oublierons jamais" et auquel l'association des champs du souvenir (Fields of Remembrance Trust) s'est consacrée depuis quatre ans pour commémorer, cent ans après, la période 1914-1918 et la mémoire des soldats néo-zélandais qui lui sont à jamais attachée. Le programme des croix blanches est un projet national initié par cette association en 2015 sur une idée reprise d'un tout premier champ du souvenir créé en octobre 2009 à Auckland sur le site de Fort Takapuna où 5'000 croix symbolisaient 5'000 soldats qui trouvèrent la mort dans les Flandres ; un concept qui attira alors plus de 10'000 visiteurs et donna l'inspiration et l'impulsion à la création de cette association du "Fields of Remembrance Trust".

Photo du champ du souvenir d'Auckland 2018 pour ANZAC day Nouvelle-Zélande
Field of Remembrance Auckland 2018   ©SM
L'alignement des croix blanches portant chacune un nom a un impact visuel immédiat qui démontre l'aspect à la fois massif et inidviduel de cette guerre. Il faut rappeler qu'à l'époque de la première guerre mondiale, sur une population nationale d'1,1 million d'habitants, ce sont 103'000 jeunes néo-zélandais qui quittèrent leurs îles pour servir aux antipodes où 18'200 trouvèrent la mort et 41'300 furent blessés, des proportions dramatiques et les plus élevées au monde en termes de ratios. Associée aux célébrations qui ont duré quatre ans, avec de multiples expositions et manifestations un peu partout dans le pays, l'association des champs du souvenir avait pour objectif d'encourager et d'offrir des moyens pour honorer la mémoire de ces 18'200 néo-zélandais morts au combat afin notamment de sensibiliser les jeunes générations* aux sacrifices de leurs anciens.
Pour ce projet évolutif, l'association a donc fourni les croix nécessaires aux quatre centres urbains d'Auckland, Wellington, Christchurch et Dunedin : en 2015, les premiers champs étaient composés des croix portant les noms des hommes de la région morts en 1915. En 2016, les noms des disparus de 1916 furent ajoutés et les champs s'étendirent ainsi chaque année avec l'ajout des noms des trépassés enregistrés 100 ans plus tôt. 2018 marquant le centenaire de la fin des combats, ces commérations spécifiques y trouvent leur aboutissement**. 

Photo du champ du souvenir d'Auckland pour ANZAC day 2018 Nouvelle-Zélande
Champ du souvenir d'Auckland - 2018  ©SM
Les cérémonies seront particulièrement nombreuses et émouvantes demain dans toute la Nouvelle-Zélande pour marquer la fin d'un cycle. Elles seront réhaussées de rouge, marque des inévitables "poppies", les coquelicots dont l'origine est associée aux Flandres et qui symbolisent par leur couleur, le sang versé, et par leur repousse, le renouveau et l'espoir.

Nota :
* Pour la sensibilisation des jeunes générations, l'association a également travaillé avec le ministère de l'éducation et distribué plus de 80'000 croix dans les écoles.
**À l'issu des cérémonies, le public est encouragé à venir réclamer les croix des personnes de connaissance, amis ou famille, pour les conserver.

Voir aussi :
Nouvelle-Zéande, ANZAC day un moment fort du calendrier

Plus d'infos :
Fields of Remembrance - World War One Commemoration  ICI
Fields of Remembrance - The last post - Blog Ministry of culture and Heritage ICI

vendredi 20 avril 2018

Le village de Tirau - Capitale de l'art de la tôle ondulée

Tirau (anciennement Oxford) est un village situé à l'embranchement de deux nationales importantes, la route 1 qui traverse tout le pays*, du Cap Reinga à la pointe nord du Northland jusqu'à Wellington pour l'île du Nord et la route 5 qui part vers l'est jusqu'à Napier en passant par Rotorua et Taupo. En dehors de cette position particulière sur l'axe routier, ce village rural du Waikato était un lieu de passage sans aucun atout notable avant qu'il ne devienne la capitale de l'art de la tôle ondulée et une étape où s'arrêtent désormais beaucoup d'automobilistes, le temps d'une pause pour faire quelques clichés et parcourir la grande rue en musardant dans les boutiques et les cafés.

Amusant, le "School bus" signalant l'école primaire de Tirau ©SM
Tout a commencé en 1994 avec l'arrivée de Nancy et John Drake. Tous deux enseignants, ils s'étaient découvert au cours de leur carrière une passion pour la laine, du mouton à la tonte, du filage au tricot. La popularité des réalisations de Nancy dépassant largement le cadre familial et la retraite approchant, le couple souhaita se reconvertir et chercha un endroit pour ouvrir une boutique / salle d'exposition (Wool Gallery) dans l'île du Nord. Après bien des recherches, ils finirent par atterrir à Tirau où il achetèrent un grand terrain central, au bord de la route. John voulait pour sa femme une boutique qui attire l'oeil pour que les gens s'arrêtent. C'est ainsi qu'après plusieurs essais infructueux avec divers matériaux, il en vint à concevoir la première réalisation 3D en tôle ondulée de la ville constituée d'un long hangar au bout duquel il accola une tête de mouton géante en guise d'enseigne (pas de règlementation en la matière, il faut juste que ça ne tombe pas !). Nancy avait déjà ouvert sa boutique qui vivotait à peine mais une fois la vision de John réalisée et sans jamais faire d'autre publicité, le succès fut immédiat : non seulement les automobilistes s'arrêtaient mais en plus, la curiosité aidant, ils venaient voir d'un peu plus près, entraient et achetaient, le chiffre d'affaires décolla !

Photo du mouton et du bélier de Tirau Waikato Nouvelle-Zélande
Le mouton, la première réalisation de Tirau pour la boutique de laine. Le bélier est une réalisation plus récente  ©DM

Fort de son succès, John fit alors la promotion de la tôle dans le village mais la collectivité locale se montra d'abord frileuse, préférant revitaliser ses activités au travers de magasins d'antiquités, comme à Paeroa, pas si original. Il eût sa revanche lorsque la communauté le sollicita pour utiliser une partie de son terrain afin d'y installer des toilettes publiques. Il donna son accord à condition que le projet soit réalisé dans une continuité de style par rapport à ce qu'il avait lancé, il avait l'idée d'un chien. La conception du bâtiment qui devait être construit par des bénévoles commença sous la direction d'Henry Clothier, le propriétaire d'une boutique d'antiquité. Chacun avait un avis et voulait avoir son mot à dire mais Henry Clothier força la main de son fils Steven, un ingénieur, pour qu'il apporte son aide et s'assure de la solidité de la structure. Une fois embarqué, celui-ci s'investit totalement, modifiant le projet initial proposé par John qu'il remplaça progressivement par un chien de berger plus sophistiqué, terminé et dévoilé en 1998. 

Photo du chien de Tirau Waikato Nouvelle-Zélande
Le chien de Tirau, local des toilettes publiques et de l'office du tourisme  ©DM
Photo du chien du mouton et du bélier de Tirau Nouvelle-Zélande
Au bord de la nationale, le chien, le mouton et le bélier - Landmarks de Tirau  ©SM
Le mouton et le chien de Tirau devinrent immédiatemment des landmarks et des icones nationales reprises dans la presse, entrainant de nouvelles commandes qui n'ont jamais cessées depuis et une activité que Steven Clothier n'avait sans doute pas imaginée ni anticipée mais à laquelle il se dédie au sein de l'entreprise qu'il a créée, Corrugated Creations (Créations en tôle ondulée).
Aujourd'hui, la tôle est l'ADN du village de Tirau qui s'est d'ailleurs autoproclamé "Capitale Mondiale de la tôle ondulée" avec ses enseignes qui sont comme une galerie à ciel ouvert. Une réussite qui dépasse les frontières du village et même du pays puisque ces oeuvres, des modèles uniques, s'exportent.

Photo du panneau en tôle de l'école primaire de Tirau Nouvelle-Zélande
Panneau de l'école primaire avec le ti (cabbage Tree), l'arbre symbole du village de Tirau  ©SM
Inventée en Angleterre dans les années 1820 et longtemps utilisée dans les colonies comme matériaux bon marché pour faire des toits ou des réservoirs, la tôle ondulée a ainsi trouvé à Tirau une nouvelle jeunesse et de nouveaux débouchés. Ses qualités de légéreté, de souplesse et de résistance laissent une grande liberté d'utilisation pour toutes sortes de réalisations qui, à l'inverse d'une sculpture, doivent être réalisées de l'intérieur vers l'extérieur avec une bonne dose de technicité et d'ingénierie pour assurer équilibre et solidité. Corrugated Creation propose une large variété de réalisations uniques : des enseignes ...

Photo d'enseigne d'un café avec des pukeko en tôle Tirau Nouvelle-Zélande
Enseigne d'un café de Tirau avec des pukekos en tôle  ©SM
Devant la jardinerie de Tirau
Un café - boutique de Tirau
... des modèles de boîtes aux lettres  ...

Photo d'une boîte aux lettres en tôle Nouvelle-Zélande
Sur la route (au nord d'Auckland) - Boîte aux lettres en tôle  ©SM
... des réalisations en 3D ...

Photo de berger devant l'église de Tirau sur la rue principale Nouvelle-Zélande
Berger devant l'église de la rue principale de Tirau   ©SM
Chien dans la cours de l'école de Tirau  ©SM
... des animaux, des personnages, des plantes, des véhicules, etc.
Dans le village de Tirau, outre les enseignes multiples, les bâtiments du chien et du mouton ont été complétés d'un troisième hangar en forme de bélier, d'un berger et plus récemment, d'un autre local assez amusant de toilettes publiques qu'il faut aller chercher dans une rue perpendiculaire à l'axe routier principal :

Photo des toilettes de Tirau Waikato Nouvelle-Zélande
Toilettes de Tirau ©DM

À mi-étape entre Auckland et Rotorua, l'arrêt à Tirau est amusant et ne demande pas énormément de temps sauf si on traine dans les cafés et les boutiques parfois assez tentantes. On peut y commencer une collection de photos sur le thème de l'art de la tôle et l'enrichir ensuite en sillonnant le pays où ce type de réalisation fait figure de kiwiana*.

Et pour conclure la petite histoire : le magasin de laine existe toujours mais il est tenu par Sally, la fille de John et Nancy à qui ils ont passé la main. John rêvait d'ajouter un cochon à sa collection de bâtiments, pas sûr que cela se réalise un jour, il semble que ce soit le bélier qui lui a été préféré ...

À voir :
Vidéo youtube expliquant la réalisation d'une enseigne par Corrugated Creation (Anglais - 8'15) :


Nota :
* La route 1 traverse non seulement l'île du Nord mais aussi toute l'île du Sud, de Picton à Invercargill / Bluff.
* Les kiwianas sont les objets typiquement néo-zélandais. Dans le village d'Otohoranga qui se considère comme la "Capitale des Kiwianas", on peut voir deux grands et célèbres kiwis réalisés en tôle, à Tirau, par Corrugated Creations.

Un des kiwis en tôle d'Otohoranga, "capitale des kiwianas" - Source : Wikipedia Common
Voir aussi :
Paeroa - Village d'antiquaires
Katikati - Capitale de peinture murale en Nouvelle-Zélande

Plus d'infos :
Corrugated Creations ICI
Corrugated Creations Gallery ICI
Tirau's Tin Sheep turns ten - NZ Geographic Nov-Dec 2004 ICI
Tirau - South Waikato District Council ICI

mardi 17 avril 2018

LIVRES - Once were warriors / L'âme des guerriers d'Alan Duff


Années 1980, la chronique d'une famille maorie dans une banlieue sordide de Nouvelle-Zélande.
Une maison des services sociaux dans un quartier ghetto-isé. Un père satisfait de toucher ses allocations chomage, de boire et de conforter sa domination sur son territoire, le bar qu'il fréquente quotidiennement, grâce à sa puissance physique. Une mère prise dans la spirale de la violence et de l'alcool mais qui tente tout de même de maintenir une certaine dignité familiale. Un fils aîné attiré par les gangs qu'il cherche à intégrer. Un autre garçon, "plus faible", plus sensible, convoqué au tribunal et institutionalisé par les services sociaux. Dautres enfants plus jeunes dont la fille aînée qui va subir toute la violence de ce milieu, rouage implacable qui entraîne au drame ...

Un livre qui décrit un monde à la dérive, en perte de valeurs et sans perspectives, dominé par la violence sous toutes ses formes (verbale, physique, domestique, conjugale, sexuelle, viol, suicide, etc.), noyé dans l'alcool et la drogue. Une violence autodestructrice que les maoris s'infligent entre eux en restant confinés sur le terrain qu'ils occupent en marge des quartiers pakehas (ceux des blancs) pourtant tous proches mais comme irréels, protégés par une sorte de no-man's land infranchissable. Au milieu de toute cette noirceur, quelques éléments d'espoirs plus positifs avec la solidarité des anciens et les éléments identitaires associés au marae (lieux communautaires centraux pour les activités sociales dans les villages maoris).   

Un livre très dur qui contraste totalement avec l'image proprette de la Nouvelle-Zélande mais qui relate une réalité sociale du pays qui reste, presque trente ans après la sortie du livre, au coeur des questions d'actualité (voir par exemple la question des Maoris qui engorgent prisons).

Un "classique" qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique* ayant frappé la conscience nationale et parfois considéré comme le "meilleur film néo-zélandais jamais produit", une réalisation remarqués à Cannes en son temps, qui a fait le tour de la planète en choquant le monde.

Son auteur néo-zélandais, Alan Duff, est né d'une mère maorie et d'un père pakeha, des parents qui divorcent quand il a une dizaine d'années. Confié à un oncle et une tante maoris près de Rotorua, il se rebelle, est expulsé de l'école, fréquente une bande de jeunes délictueux et se retrouve en maison de redressement. Il dérive pas mal jusqu'à ce qu'il trouve sa voie dans l'écriture et la publication de l'âme des guerriers/Once were warriors en 1990, un livre puis un film qui rencontrent un succès phénoménal. Dans un essai très controversé publié en 1993 (The Crisis and the Challenge), il accuse les maoris de passivité et de trop attendre l'aide sociale plutôt que de se prendre en charge mais l'auteur plusieurs fois primé continue d'écrire enrichissant son arc de plusieurs cordes : éditorialiste, écrivain, militant et homme d'affaire. Quant à l'âme des guerriers / Once were warriors, c'est désormais le premier volume d'une trilogie qui s'est enrichie en 1996 de What Becomes of the Broken Hearted (Les âmes brisées) puis en 2002 de Jake's Long Shadow.

Un auteur engagé, emblématique de son pays, à la marge de deux mondes.
À découvrir.
À suivre. 

Nota :
* Le film de Lee Tamahori, L'âme des guerriers / Once were warriors, est une adaptation moins riche que le livre d'où il s'éloigne souvent. Elle n'en reste pas moins intéressante même si le film a déjà pas mal vieilli. On peut le visionner dans son intégralité sur Youtube ou en streaming. Une version HD est sortie en début d'année.

Titre original : Once Were Warriors
Titre français : L'âme des guerriers
Auteur : Alan Duff
Première édition : 1990

Plus d'infos :
Alan Duff - NZ book council ICI
Once Were Warriors Twenty Years On - New Zealand Herald 16/08/2014 ICI
New Zealand's top 8 films of all time - How many have you seen ? - Express 13/01/2017 ICI  

vendredi 13 avril 2018

La vallée de Waimangu - Plus jeune sytème géothermal au monde - Rotorua (4)

Né le 10 juin 1886 à la suite de la dernière éruption du Mont Tarawera, le système géothermal de la vallée de Waimangu est considéré comme "le plus jeune au monde". C'est aussi le seul dont la création pleine et entière soit le résultat direct d'une éruption volcanique, un lieu de recherche et d'observation unique depuis 130 ans alors qu'un nouvel écosystème s'y est progressivement développé. Une vallée qui a aujourd'hui le double statut de Scenic Reserve (parc protégé) et de Wildlife Refuge (refuge pour la vie sauvage).

Photo de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
L'entrée de la vallée de Waimangu aujourd'hui (2017)

Au moment de l'explosion du Mt Tarawera de 1886, ce secteur de Rotorua fut entièrement détruit et remodelé alors qu'une crevasse de 17 kilomètres fissurait le mont Tarawera en deux. Le lac de Rotomahana explosa, multiplia sa taille par vingt en entrainant la destruction des célèbres terrasses roses et blanches englouties sous ses eaux.

Charles Blomfield - L'éruption du Mont Tarawera
Charles Blomfield - Les terraces blanches de Rotorua
Charles Blomfield - Les terraces roses de Rotorua
La vallée est constituée de sept cratères autour desquels, dans les quinze ans qui suivirent l'éruption, se sont développées les sources chaudes du système géothermique de Waimangu. Dans ces paysages ravagés, il fallu une trentaine d'années pour que les plantes refassent leur apparition et depuis, la nature s'est totalement regénérée, flore et faune y prospérent à nouveau si bien qu'il est difficile aujourd'hui d'imaginer la dévastation qui a pu régner à cet endroit ... alors pour aider un peu l'imagination, des fresques peintes à l'entrée du centre d'accueil en proposent une représentation, en contraste le plus complet avec la végétation qui dépasse de tous côtés !

Photo de fresque de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Une représentation de la vallée de Waimangu, renivelée et sans vie après les éruptions de 1886
Côté géothermique, le système reste lui aussi bien vivant et actif. Ainsi 1900 fut marqué par l'apparition du geyser de Waimangu, le plus grand jamais enregistré. Son explosion formait un jet brulant et puissant, expulsant vapeur et roches sur une hauteur de 450 mètres, un phénomène qui dura quatre ans, jusqu'en novembre 1904. Plus tard, en 1917, une série d'explosions massives amenèrent la formation du Frying Pan Lake (lac de la poêle à frire), la plus grande source d'eau chaude au monde.
    
Photo de Frying Pan Lake dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Dans Echo Crater, Frying Pan Lake (lac de la poèle à frire) est la plus grande source chaude au monde   ©DM
Waimangu est beaucoup moins fréquenté que Wai-o-Tapu et les visiteurs ont plusieurs options de découvertes avec un sentier plus ou moins long, avec ou sans croisière sur le lac Rotomahana et une navette de bus gratuite avec trois points d'arrêt dans le parc. Gérés par Waimangu Volcanic Valley Ltd, une société privée, en contrat avec le gouvernement néo-zélandais, le parking et le centre d'accueil sont situés tout en haut de la vallée d'où partent la route et le chemin de découverte, en descente jusqu'au lac en contrebas.

Photo de la route de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
La route intérieure de la vallée de Waimangu pour la navette de bus ...   ©DM
Photo du chemin de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
... ou le chemin des randonneurs !  ©DM
Le jour de notre visite, une partie du sentier était totalement impraticable dans le bas du parc, endommagée par des pluies torrentielles des jours précédents si bien que nous avons dû nous limiter aux chemins de la partie haute où sont concentrés, heureusement pour nous, les phénomènes géothermiques les plus spectaculaires. Nous avons  ensuite pu enchaîner par une descente en bus jusqu'au lac où nous avions choisi de profiter de l'extension croisière.  
Le lac de Southern Crater (le cratère Sud) est le premier que l'on aperçoit dans la descente en offrant une image plutôt calme et bucolique malgré quelques glissements de terrain récents, visibles sur ses flancs et apportant une décoloration passagère à ses eaux.

Photo de Southern Crater vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Waimangu - Le lac de Southern Crater  ©DM
On rejoint ensuite Echo Crater (le cratère de l'écho), et son lac bouillant, les plus grandes sources chaudes au monde que l'on domine avant d'en suivre la rive, impressionnantes ! ... et aucune envie d'aller y tremper les doigts !

Photo de Frying Pan Lake dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Echo Crater / Frying Pan Lake  ©DM
On se rapproche alors de la falaise dominant ces eaux fumantes, Cathedral Rocks d'où s'échappent des fumerolles qui apportent leur touche infernale, histoire de ne pas être en reste !

Photo de Cathedral Rocks la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Cathedral Rocks enveloppés de fumerolles   ©DM
De là, une échappée permet de rejoindre Inferno Crater (le cratère infernal), plus petit et rempli d'une eau turquoise ; c'est en fait le plus grand geyser du monde même si le phénomène n'est désormais plus visible, caché au fond du lac, perceptible par quelques fumerolles seulement, s'échapant des parois alentour. Il ne faut d'ailleurs pas se fier à l'apparente tranquillité et à la beauté de l'eau dont la température varie de 35 à 80ºC avec un pH d'acidité à 2,2. En suivant un cycle complexe d'environ 38 jours, ce lac connait des variations de niveau de +/- 12 mètres, jusqu'au débordement dont la hauteur est indiquée par les parois blanches de dépôt de silice donnant à l'eau sa couleur si particulière, elle aussi variable en fonction de l'ensoleillement.

Photo de Inferno Crater dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Inferno Crater et ses eaux fumantes bleues turquoise
Nous n'avons pas pu avoir accès aux quatre autres cratères Raupo Pond Crater (le cratère du bassin de Raupo), Fairy Crater (le cratère des fées) et Black Crater (le cratère noir) situés derrière Inferno Crater mais nous avons suivi le ruisseau brûlant (hot stream) dont le cours fumant est marqué de nombreux phénomènes géothermiques ...

Photo du hot stream de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Chemin du Hot Stream - Waimangu   ©SM
Photo du hot stream de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Waimangu Hot Stream   ©DM
... un monde en mutation avec des couleurs parfois étonnantes notamment autour du petit geyser de Bird's Nest Terrace (terrace du nid d'oiseau).

Photo de Bird's Nest Terrace et geyser dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Bird's Nest Terrace (et son geyser à gauche de l'image) - Un vert bouteille étonnant !   ©DM
Une fois à l'arrêt de bus, nous nous sommes faits conduire jusqu'au lac Rotomahana, en observant en passant et de loin, les Warbirck Terrace, Buttresses Marble Terrace et Iodine Pool.

Photo du lac Rotomahana dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Le lac de Rotomahana et sa jetée, au fond de la vallée de Waimangu   ©DM
De là, nous avons embarqué à bord du petit caboteur à la coque verte, le Waimangu Ariki Midawa, pour la croisière sur le lac Rotomahana remplaçant les anciens lacs (pré-1886) de Rotomahana et Rotomakariri, recouvrant une quinzaine de cratères et les célèbres terraces roses et blanches disparues dont la position et la trace ont été confirmées il y a peu par des plongées exploratoires. 

Photo du bateau de Rotomahana dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Le p'tit bateau du lac Rotomahana    ©DM
S'en suit une croisière commentée d'environ 45/60 minutes, sur le lac le plus profond de l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande, rempli en une quinzaine d'année après l'éruption de 1886 du Mt Tarawera surplombant le bout du lac actuel, pour en faire le plus jeune des grands lacs naturels du pays devenu un sanctuaire pour la vie sauvage.

Photo du lac de Rotomahana dans la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
La masse du Mt Tarawera domine le bout du lac de Rotomahana à l'opposé de Waimangu   ©DM
Le circuit longe d'abord la rive sud du lac et l'île de Patiti, paradis pour les oiseaux endémiques depuis que les animaux nuisibles en ont été éradiqués. Il se poursuit jusqu'au cercle de l'anse formée par le cratère de Star Hill, presque complètement inondé, mais à la forme très caratéristique.

Photo de Star Hill Crater lac Rotomahana vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
À l'intérieur de Star Hill Crater   ©DM
L'aspect paisible du lac se fait plus contrasté au retour quand on passe près des zones actives de Pink Bay (baie rose), Fumarola Bay (baie des fumerolles) et Donne Cliffs (falaise de Donne) avec leurs couleurs et panaches de fumées.

Photo de fumerolles la Rotomahana vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Des roches vivantes !   ©DM
Photo de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
La nature en action au bord du lac de Rotomahana  ©DM
Une fois de retour à la jetée, il ne reste plus qu'à remonter jusqu'au centre d'accueil, en marchant ou en prenant la navette. Une belle demi-journée de découverte un peu hors des sentiers battus, toute en contraste avec l'alliance de l'eau et du feu, celle d'une nature paisible et sauvage reprenant ses droits à côté des phénomènes géothermiques violents, apaisés mais toujours bien actifs.

Photo de la vallée de Waimangu Rotorua Nouvelle-Zélande
Beaucoup d'oiseaux sur les étangs de Waimangu - Vue au niveau du lac en direction de la vallée  ©DM

Infos pratiques :
Adresse : 587 Waimangu Rd, Rotorua 3043 (à 20 km de Rotorua)
Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h (jusqu'à 18h en janvier)
Prix de base adulte : 38,50 NZD (45 NZD avec la croisière sur le lac Rotomahana)
Navette bus gratuite à l'intérieur du parc
Brochure d'explications comprise dans le prix d'entrée / disponible en plusieurs langues.

Carte de la vallée de Waimangu - Zones du lac en bleu plus foncé indiquent la taille des deux lacs pré-1886
Voir aussi :
Wai-o-Tapu - Merveille géothermale - Rotorua (3)
La magie des sources d'Hamurana - Rotorua (2)
Rotorua (1) - Coeur géothermique et culturel de la Nouvelle-Zélande
White Island - Dans le cratère du volcan le plus actif de Nouvelle-Zélande
Orakei Korako - La vallée cachée

Plus d'infos :
Waimangu Volcanic Valley ICI

Trois semaines sur les routes de Nouvelle-Zélande - Jour 21 (07/04/2017)