Notre quartier de résidence au sud d'Auckland appartient au village d'Howick où se niche un site patrimonial homonyme, le "Howick Historical Village". Signalé au bord des routes que nous fréquentons par des panneaux de couleur marron spécifiques aux curiosités touristiques, leurs messages se répétant à chaque passage de façon subliminale, nous avons fini par les suivre pour une petite visite de voisinage.
Howick Historical Village - ©SM
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Installé dans un havre de verdure entre Lloyd Elsmore Park et Bell Park, Howick Historical Village est un village "reconstitué" composé d'une trentaine de maisons coloniales "d'époque" (1840-1880) récupérées un peu partout dans les environs d'Auckland pour témoigner de l'installation des migrants européens en Nouvelle-Zélande et évoquer l'histoire de la fin du 19ème siècle, en particulier celle des "fencibles". Une histoire soigneusement documentée par la "Howick Historical Society" officiellement créée en 1962 dont les bénévoles passionnés assurent restauration des maisons et animations.
Le village se veut en effet un "musée vivant" avec des mise en scènes périodiques en costumes d'époque (3ème dimanche de chaque mois) mais si nous avons bien été accueillis par deux matrones bonetées à l'entrée/caisse/boutique, le village était on ne peut plus calme lors de notre passage du 23 décembre, avant-veille de Noël : pendant deux-trois heures, nous étions pratiquement les seuls hôtes avec pour privilège l'usage quasi-exclusif du village jusqu'à sa fermeture, idéal pour faire des photos et prendre le temps de lire les très nombreux panneaux explicatifs.
Pour la petite histoire, après le traité de Waitangi et l'établissement d'Auckland comme capitale*, le gouverneur George Grey souhaitait encourager l'immigration mais il craignait plusieurs menaces pour l'installation des colons :
1- celle des français qui venaient d'annexer la Nouvelle-Calédonie et Tahiti, Objets, mobilier et jardins - ©SM |
Pour la petite histoire, après le traité de Waitangi et l'établissement d'Auckland comme capitale*, le gouverneur George Grey souhaitait encourager l'immigration mais il craignait plusieurs menaces pour l'installation des colons :
2 - celle des maori, en particulier Hone Heke, un chef qui avait coupé à cinq reprises le mat du drapeau anglais pour signifier clairement que les colons n'étaient pas les bienvenus...
Objets, mobilier et jardins - ©SM |
Pour protéger la nouvelle capitale et assurer son développement, il fut alors décidé d'y envoyer d'anciens soldats retraités de l'armée britannique ayant combattu en Afghanistan, Inde, Malte ou ailleurs dans l'empire. La plupart avaient plus de vingt ans de service à leur actif quand ils furent invités à intégrer un nouveau corps d'armée baptisé Royal New Zealand Fencible Corps, créé spécialement pour assurer la défense d'Auckland en cas d'attaque.
Autorisés à émigrer avec femmes et enfants, le programme d'immigration des "fencibles" fut le plus important de l'époque. Il entraina l'installation de 2'500 migrants sur les quartiers actuels de Panmure, Otahuhu, Onehunga et Howick où vivent encore de nombreux descendants fiers de leurs origines et pour beaucoup à l'initiative du développement de Howick Historical Village. La liste des dix voiliers qui les ont transportés entre 1847 et 1852 ainsi que celles de leurs passagers sont exposées dans l'une des maisons du village où l'on apprend que le voyage durait de 3 à 4 mois, le transit se faisant dans de bonnes conditions pour l'époque. Seul le "Clifton" fit exception, surnommé "ship of sorrows" (le navire des larmes) parce que 46 de ses passagers trouvèrent la mort pendant la traversée, essentiellement des enfants venant d'Irlande où sévissait alors la famine. Il faut dire que ces conditions particulièrement difficiles en Irlande à l'époque expliquent l'origine irlandaise de plus de la moitié des "fencibles" avec une forte concentration de ceux-ci sur Panmure.
Howick Historical Village - ©SM |
Selon les termes de leur engagement, les "fencibles" se voyaient offrir la traversée vers la Nouvelle-Zélande et un cottage de deux pièces avec un acre de terre à l'issu de sept années de service. Tout était parfaitement règlementé, par exemple la taille de la malle d'effets qu'ils étaient autorisés à prendre avec eux. Une fois sur place, on les encourageait à trouver un emploi complémentaire, leurs obligations militaires étant essentiellement réduites à parader chaque dimanche (il n'y eu qu'un seul appel pour raisons militaires, en avril 1851). Certains se voyaient offrir la possibilité de travailler pendant un an à la réalisation de travaux publics, employés à la construction des premières infrastructures, routes et ponts.
Howick Historical Village - ©SM |
À l'arrivée des 4 premiers navires, il n'existait encore aucune construction et tout était à faire par/pour les premiers migrants. Ils furent d'abord logés dans des tentes, des cabanes ou dans deux longs hangars de la plage d'Howick, un pour les hommes et l'autres pour les femmes et les enfants. On peut se faire une idée de cet habitat tempotaire précaire (tente et cabane) dans Howick Historical Village, ces éléments ayant été intégrés à la mise en scène. Vinrent ensuite les différents types de constructions qui furent attribuées en fonction du rang : de la maison double pour les simples soldats aux plus grandes maisons pour les officiers.
Après les sept années, les "fencibles" revenaient définitivement à la vie civile, propriétaires indiscutés de leur maison et de leur bout de terrain qu'ils pouvaient facilement agrandir, la terre étant alors disponible et vendue à bas prix. Le programme connu un grand succès puisque seulement 3 "fencibles" choisirent de retourner en Europe à la fin de leur service alors que tous les autres choisirent de rester sur leur nouvelle terre d'adoption pour y former cette nouvelle communauté bien particulière.
Howick Historical Village - ©SM |
Outre les exemples de maisons de pionniers de différents modèles et tailles avec l'histoire de leurs anciens propriétaires dont certains ont fait leur chemin (on retrouve par exemple une mention et un lien avec l'aviatrice Jean Batten), le village reconstitué compte plusieurs écoles, une cure, une église, un moulin, un tribunal, un atelier de forgeron, une scierie, une épicerie, un pub et quelques exemples de cabanes de Maori (histoire de ne pas oublier les indigènes dont l'un était ici le facteur). L'ensemble est organisé autour d'une pièce d'eau et d'une rue circulaire. Trois maisons étaient fermées lors de notre passage mais toutes les autres étaient accessibles, regorgeant d'objets et d'indications sur leur utilité et la façon de les fabriquer/utiliser, autant de témoignages de la vie passée : ruche, puits, mobilier, objets de tous les jours, savon, bougies, outils, jouets, etc.
Une visite vraiment très intéressante pour plonger dans un passé colonial "grandeur nature" et cette histoire bien particulière des "fencibles". Cela permet en outre de comprendre l'origine des très très nombreux noms militaires associés aux lieux et rues du village d'Howick actuel (Stockade Hill, The Parade, Waterloo, etc.).
Howick Historical Village - ©SM |
* Nota : Auckland a été capitale de la Nouvelle-Zélande de 1841 à 1865 avant qu'elle ne soit transférée à Wellington, plus centrale.
Informations pratiques Howick Historical Village :
Adresse : Bells Road, Llyod Elsmore Park, Pakuranga, Auckland 2145
Ouvert tous les jours de 10h00 à 17h00 (dernière admission à 16h00)
[Fermé le 1er janvier, vendredi de Pâques, ANZAC day, Noël et 26 décembre]
"Live days" / Journées d'animations en costumes : 3ème dimanche de chaque mois (sauf décembre)
Prix ticket adulte : 16 NZD
Téléphone : (09) 576 9506
Lien website ICI
Sources et plus d'infos :
Howick Historical Village ICI
Taking charge of treasured assets - Article Times 30/1/2015 ICI
Howick Historical Village - Te Ara - ICI
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