samedi 10 mars 2018

Les sages-femmes tirent la sonnette d'alarme en Nouvelle-Zélande

À la radio, dans les journeaux, les informations se multiplient pour dénoncer un secteur néo-zélandais en crise : celui des sages-femmes dont la corporation tire actuellement la sonnette d'alarme et lance des appels au secours au gouvernement. Créée fin février, une page Facebook appelée "Dear David, Aotearoa needs midwives" [Cher David, Aotearoa a besoin des sages-femmes], compte déjà plusieurs milliers de followers pour soutenir son action, avec dans son intitulé un prénom qui est une référence directe au ministre de la santé actuel, David Clark.

Photo de profil de la page Facebook "Cher David, Aotearoa a besoin de sages-femmes"
 Les photos de profil de la page se succèdent pour passer des messages, on a ainsi pu y lire :

" Cher David Clark, 
Vous êtes le ministre de la santé
Les sages-femmes d'Aotearoa* ont besoin de votre aide pour un financement adéquat de notre profession
Les sages-femmes font des burn-outs et sont nombreuses à partir
C'est le moment d'agir"


Photo de couverture Facebook (1)
 Et aussi :

"Cher David Clark,
La crise des sages-femmes en Nouvelle-Zélande résulte du sous-financement continuel de notre profession.
Une pénurie globale ne peut être reprochée aux centaines de burn-outs et de départs des sages-femmes.
Nous vous tendons la main pour montrer la voie et nous assurer le support du budget de mai 2018. 
 Ne nous oubliez pas. Ne nous abandonnez pas. Ne laissez pas notre système de maternité de classe international s'effondrer.
Pouvez-vous déjà nous entendre ? "


Photo de couverture Facebook (2)
Ou encore :

"Cher David Clarck,
En Nouvelle-Zélande, nous disposons d'un système de classe mondiale pour le suivi des maternités
Pour être à la hauteur de notre réputation nous avons besoin de garder l'expérience de nos sages-femmes qualifiées
Les femmes de Nouvelle-Zélande ne veulent pas perdre leurs sages-femmes LMC*
La crise de la profession des sages-femmes vient du sous-financement continuel"


Photo de couverture Facebook (3)
La page contient en outre une multitude de témoignages et de messages d'explications et de support aux sages-femmes, une profession au coeur du système néo-zélandais de suivi de grossesse qu'elles assurent presque entièrement. Leur financement est pris en charge par le système de santé alors que les gynécologues ne le sont pas sauf si la sage-femme détecte une grossesse à risque justifiant de réfèrer la patiente au médecin à qui elle passe alors la main. Plusieurs régions dont Auckland, Waikato, Tauranga et Canterburry connaissent une pénurie de ces personnels essentiels pour toutes les femmes enceintes et les naissances.

En décembre, les services de l'immigration ont placé le métier sur la liste des "immediate skill shortage" (compétences pour lesquelles les besoins sont immédiats), une inscription qui pourrait tenter des étrangers compétents (trois années d'expérience demandées) avec une immigration alors grandement facilitée même si le manque de personnel cache en réalité d'autres problèmes, celui d'un métier de plus ne plus mal payé qui s'effectue dans des conditions de plus en plus difficiles.
 


Une jeune sage-femme témoignait ainsi à la radio pour expliquer qu'elle a finalement choisi d'émigrer vers l'Australie pour pouvoir exercer son métier dans des conditions correctes et qu'à sa grande honte, tout en connaissant le problème local, elle revient désormais débaucher d'autres sages-femmes en Nouvelle-Zélande pour son nouveau pays.
Une autre expliquait que la nomenclature néo-zélandaise est basée sur des actes payés sans tenir compte du nombre de séances pour un suivi de grossesse (3 séance ou 15, kif kif), du nombre d'heures pour un accouchement (2 h ou 24 h, kif kif) ou des temps de déplacement à la campagne (À côté ou 1 heure de route, kif kif).

 


Des femmes enceintes n'arrivent pas à trouver de sages-femmes pour leur suivi de grossesse et les cliniques et hôpitaux n'arrivent pas plus à les recruter. C'est une réalité, la pénurie est constatée. Les sages-femmes cherchent à adresser le fond du problème en dénonçant le sous-financement récurrent du secteur depuis des années, corrélé à une détérioration continuelle de leurs conditions de travail. Plusieurs actions ont été menées ces dernières années pour essayer d'améliorer les choses avec l'étude d'une revalorisation du secteur entamée en 2017 par le gouvernement précédent qu'elles voudraient voir aboutir avec le nouveau gouvernement à l'échéance du prochain budget présenté en mai 2018. En mettant la pression aujourd'hui, les sages-femmes souhaitent s'assurer que leur profession ne sera pas oubliée dans le budget de santé et que les promesses seront tenues.

Source : news.com.au

Ajoutons pour l'anecdote que Jacinda Ardern, la toute nouvelle jeune première ministre a annoncé en début d'année qu'elle est enceinte [la Jacinda's baby-mania remplace désormais la Jacinda-mania de la campagne] et on peut espérer qu'ainsi placée aux premières loges, elle sera particulièrement attentive aux questions soulevées par cette crise.

Note :
* Aotearoa est le nom maori de la Nouvelle-Zélande, "le pays du long nuage blanc".
* LMC = Lead Maternity Carer (Soignant Maternité Principal)

Plus d'infos :
Midwifery in "crisis" with pregnant women unable to find lead maternity carers - NZ Herald 20/02/2018 ICI
"The midwife crisis is real" : Pleas for help to stop burn-outs, shortages and pay problems - Stuff 03/03/2018 ICI
Dear David, Aotearoa needs midwives - Page Facebook ICI
Articles en français traitant du suivi de grossesse en Nouvelle-Zélande et expliquant le système LMC :
Naître en Nouvelle-Zélande - Blog Tout feu tout femme - 3 mars 2017  ICI
Attendre un béné en Nouvelle-Zélande - Blog frogs-in-nz ICI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire