Samedi 28 janvier - Première étape : la péninsule d'Aupouri (du nom d'un des peuples qui l'habitaient) à l'extrême pointe nord, au nord de l'île du nord, le district du Far North. On l'appelle aussi top of NZ et pour placer l'endroit facilement sur la carte, c'est toute la partie au nord de Kaitaia où la péninsule du North Auckland passe d'un coup de 60 kilomètres de large à une bande de 10 kilomètres de large sur 100 kilomètres de long en formant une sorte de doigt dressé pointant vers le nord ...
Kaitaia, ce n'est pas très grand, 5'600 habitants en 2015, mais c'est suffisant pour trouver hébergement, approvisionnement, station service et même un musée ("architecture et objets exposés très intéressants" selon nos compagnons de petit-déjeuner même si nous avons passé pour cette fois).
Sachant qu'il y a que deux façons de parcourir les 100 kilomètres de la péninsule pour rejoindre le cap Reinga situé tout au bout,
- la Highway 1, goudronnée*, traversant le centre de la péninsule,
- la plage de 90 Mile Beach sur la façade ouest, praticable à marée basse avec une voiture 4x4,
notre circuit s'est organisé en fonction de la marée qui était haute autour de midi et basse vers 16h30 si bien que nous avons commencé par la route en dur pour revenir par la plage.
Départ un peu avant 9h00.
Gumdiggers Park - Discovery Trail - ©SM |
À 25 kilomètres de Kaitaia, un peu après Waipapakauri, premier crochet en dehors de la "1" pour suivre les panneaux du Gumdiggers Park Ancient Buried Kauri Forest. Peu fréquenté au moment de notre passage, nous n'y croiserons que l'employé de service à l'accueil et un seul couple de visiteurs (des français !), l'endroit ne manque pourtant pas d'intérêt. La visite de ce petit parc est composée d'une boucle "nature" (Eco-Trail) et d'une boucle "historique" (Gumdiggers Discovery Trail) ayant chacune de nombreux panneaux explicatifs. Les deux boucles se rejoignent au niveau du Gumdiggers Village qui reconstitue un village et les conditions relativement précaires des chercheurs d'ambre de kauri. Le "clou" du parc est le tronc d'un kauri géant dégagé du marécage qui l'a conservé pendant des milliers d'années (Ancient Giant Kauri Log). En prenant son temps pour lire, voir la vidéo proposée et passer par tous les endroits du circuit, il faut compter environ une heure de visite.
Brochure pour la visite du Gumdiggers Park - Plan du site (recto) |
Gumdiggers Park - Eco Trail - ©SM |
Dans certaines poches, ce n'est pas une seule couche de troncs qui a été retrouvée mais plusieurs strates successives attestant que jusqu'à 3 ou 4 forêts de kauris sont ainsi arrivées à maturité avant de mourrir et d'être ensevellies, suivant la même séquence catastrophique mystérieuse mais dont la répétation joue en faveur des hypothèses d'événements climatiques hors normes.
L'intérêt suscité à la fin du 19ème siècle par ces poches de kauris en plein marécages est lié au processus de cicatrisation de ces arbres qui, lorsqu'ils sont blessés, produisent de grandes quantités de sève résineuse pour fermer leurs plaies et protéger la gaine intérieure du tronc. La sève se fige ensuite en formant des boules de gommes qui durcissent puis tombent sur le sol où elles se concentrent et s'enfouissent avec le temps; après des milliers d'années, elles se fossilisent et se transforment en ambre de Nouvelle Zélande.
Les maoris utilisaient la gomme de kauris de différentes façons, ils la machaient, s'en servaient pour les tatouages ou encore pour allumer les feux. Les européens qui commerçaient avec eux lui trouvèrent un nouveau débouché dans la production de vernis de très grande qualité si bien que l'exploitation de la gomme se développa pour alimenter cette industrie. Mais à la fin des années 1860 en même temps que les forêts de kauris se raréfiaient, le ramassage de la gomme en surface se fit lui aussi plus difficile alors que la demande était croissante et c'est là que s'est développée la pratique du "Gum digging" pour récupérer la gomme conservée dans les marécages; une pratique florissante entre 1870 et 1920 et constituant la source principale de revenue du Northland sur toute cette période ainsi qu'un des plus importants produits export du pays. De nombreux fermiers des environs s'y consacrèrent pour y tirer des compléments de revenu, à temps partiel ou complet.
Dans la région, cette activité fut étroitement liée à la communauté des immigrants dalmates (région de l'ancienne Yougoslavie) qui s'y consacrèrent, un travail dur pour se faire une place dans leur nouvelle patrie d'adoption. Des photographies, des reconstitutions, les éléments du terrain, une vidéo, etc. permettent d'en savoir plus et d'imaginer une époque et une industrie maintenant révolues; une visite riche d'enseignements que nous avons appréciée.
En sortant du parc, une boucle permet de rejoindre la highway 1 un peu plus au nord que là nous l'avions quittée et nous poursuivons notre trajet en direction du cap Reinga. À noter que les deux accès sud à 90 miles beach sont indiqués par les panneaux touristique de couleur marron sur le bord de la route.
Le paysage est légèrement valloné, peu arboré et relativement sec. À mi-péninsule, le Mont Camel qui s'élève au dessus de la côte Pacifique donne un point de repère un peu plus élevé et du relief.
Nous faisons un second détour/arrêt un peu après Ngataki pour aller voir la plage de sable blanc de Rarawa ouverte sur le Pacifique. Encore un petit coin de rêve avec des étendues de plage à perte de vue, un océan nous offrant ses plus belles déclinaisons sous le soleil d'été et une impression d'espace sans pareil alors que les visiteurs se comptent sur les doigts d'une main, quelques baigneurs et un pêcheur tout au plus qui n'hésitent pas à se garer sur la plage plutôt que sur le parking. À part les cocotiers, tout y comme sur une île de paradis !
Plage de Rarawa - Northland - ©SM |
Nous poursuivons ensuite jusqu'à Waitiki Landing où nous pouvons faire un dernier approvisionnement à la petite épicerie du coin pour compléter notre pique-nique avant le cap Reinga situé dans le parc de Te Paki (Te Paki Recreation Reserve) où nous arrivons en tout début d'après-midi. Nous laissons la voiture à l'un des deux parkings, tout au bout de la route, pour pouvoir rejoindre le phare, à pied, à quelques centaines de mètres. C'est ici, au cap Reinga que se concentrent le plus grand nombre de touristes parce que :
1 - l'endroit est accessible,
2 - il marque le point accessible le plus au nord de la Nouvelle-Zélande (géographiquement, ce n'est toutefois pas le point le plus septentrional, un titre revendiqué par d'autres caps alentour et généralement attribué à North Cape pour la partie terrestre et dans l'absolu, par Nugent Island dans le groupe des Kermadec, une île située un peu plus au large),
3 - les eaux et les courants de la mer de Tasman et ceux du Pacifique s'y mélangent,
4 - il a une importance culturelle importante dans la mythologie maori qui en font le point par lequel les âmes transitent au moment de la mort; elles passeraient notamment par un pohutukawa solitaire, accroché sur une falaise et vieux de 800 ans, point de transit permettant de retourner à l'île ancestrale d'Hawaiki. Un aspect mythique bien développé et évoqué dans le dernier volume de la saga "le pays du nuage blanc" de Sarah Lark auquel j'ai évidemment repensé en visitant le site.
Vues du cape Reinga - ©SM |
Phare du cap Reinga - ©SM |
Outre ses spécificités et la balade jusqu'au phare comprenant encore une fois pas mal de panneaux explicatifs, l'endroit vaut pour ses superbes vues.
L'un de nos regrets est de ne pas disposer d'un peu plus de temps pour randonner et parcourir les chemins aletour, nombreux pour aller vers le cap Nord ou vers le cap Maria van Diemen et les dunes de Te Paki par les falaises, ce sera peut-être pour une autre fois si l'occasion se présente.
Le reste de l'après-midi est consacré aux dunes de Te Paki et à 90 miles beach, déjà détaillés dans un autre article.
Alors que la fin de journée approche, nous faisons encore quelques kilomètres après Ahipara en prenant le chemin des écoliers pour aller jusqu'à Doubtless Bay et gagner Mangonui où nous avons réservé une chambre pour la nuit, au bord de l'eau. Station baleinière d'antant, cet ancien village de pêcheurs aujourd'hui très coquet s'étale tout en longueur au bord de l'eau et a reconverti ses "vieux" bâtiments de 150 ans (parmi les plus anciens du pays) pour le tourisme avec ses hotels, motels, cafés, restaurants et boutiques qui en font une étape agréable et "historique" pour la soirée. Pour se restaurer, plusieurs Fish & ships dont l'un, au bord de l'eau et sur piloti est plutôt connu et très fréquenté mais pour ceux qui ne raffolent pas de ce style de cuisine, on trouve de bonnes alternatives, du traditionnel, du thaï et un indien, il y a le choix. Ensuite, pour la soirée c'est quand même plutôt le grand calme, idéal pour recharger les batteries avant les visites du lendemain.
* Jusqu'en 2010, les derniers 19 kilomètres de la Highway 1 menant au cap Reinga étaient encore une piste non goudronnée. Désormais, cette route ne présente plus aucune difficulté et il est facile de se rendre au cap mais elle draine aussi beaucoup de touristes et l'endroit est très fréquenté.
Gumdiggers Park :
171 Heath Road, Northland, Nouvelle-Zélande
Ouvert tous les jours (sauf Noël)
de 9h à 16h
Tarif adulte : 12,50 NZD
Sources et plus d'infos :
Site d'informations touristiques - Top of NZ - ICI
Site du Gumdiggers Park Ancient Buried Kauri Forest - ICI
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