Alberton - Auckland ©SM |
A l'intérieur, un arbre généalogique et quelques tableaux donnent une introduction à la famille Taylor(*1), indissociable de l'histoire d'Alberton.
Elle débute avec Allan Taylor, né en Inde en 1832, fils d'un officier de l'armée coloniale. Envoyé en Écosse à 8 ans pour parfaire son éducation, le jeune Allan reprend la mer à 16 ans, direction la Nouvelle-Zélande où il débarque en janvier 1848. Il rejoint deux de ses frères déjà installés à Auckland, William Innes et Richard James qui ont établi leurs fermes baptisées Glen Innes et Glendowie (aujourd'hui, deux quartiers d'Auckland qui ont gardé ces noms) et leur père installé à Glen Orchard (aujourd'hui absorbé par St Helier dans la même zone recherchée de The Bays).
Avec un capital donné par son père, le jeune Allan achète à son tour 120 hectares de terrains, un peu plus au nord, au pied du Mt Albert. Il commence à l'exploiter en 1852 après deux années en Californie puis achète d'autres terrains avant de devenir, à l'âge de 23 ans, conseiller provincial et un pilier de la jeune communauté aucklandaise.
Marié en 1860 lors d'un séjour en Angleterre, sa jeune épouse meurt en couches après avoir déjà perdu un enfant. Il se remarie en 1865 avec Sophie Louisa Davis, alors agée de 17 ans, fille d'immigrants installés depuis 1842 en Nouvelle-Zélande. Elle lui donne 10 enfants, 4 garçons et 6 filles. Elle aussi est une figure importante de la communauté de l'époque, associée notamment au mouvement des suffragettes qui obtiennent dès 1893 le droit de vote pour les femmes.
Une maison de la haute bourgesoisie, figée dans le temps ©SM |
Agrandie au fil des ans par le couple pour les besoins de la famille et son rôle de représentation dans la communauté, Alberton n'abritera finalement que deux générations de la lignée. En 1972, à la mort de Muriel, la dernière fille à y vivre et y mourir, elle est donnée en l'état au New Zealand Historic Places Trust qui en assure désormais la maintenance et l'ouverture au public.
La visite est très intéressante parce que la maison est bien préservée et qu'elle n'a pratiquement pas été modernisée.
D'abord parce que la famille a connu des revers de fortune ne lui permettant plus d'investir : après la mort subite d'Allan en 1890, la famille était endettée et il a fallu couper sur le train de vie en réduisant le personnel au strict minimum tout en s'attachant à rentabiliser au maximum les revenus de la ferme (fleurs, miel, potager, dindons, lait, etc.). Pour compléter ses revenus, la famille a pu également vivre sur son héritage, en vendant par lots ses terrains jusqu'à ce qu'il ne reste plus, au bout de 100 ans, que la maison et son jardin.
Ensuite parce que Sophia (puis ses filles) tenait fermement sa maison et bien que moderne par certains côtés, elle n'en restait pas moins très conservatrice sur d'autres, très attachée à son rang(*2) et peu intéréssée par les améliorations de confort si bien que l'électricité ne fut installée à Alberton que dans les années 1920-1930 et qu'une salle de bain n'y fut aménagée que bien après sa mort, dans les années 1950-1960.
Pour la visite, après un petit topo d'introduction, on déambule librement dans la maison. En bas, la salle à manger, le salon, le boudoir, une salle de réception, un bureau, la cuisine et les pièces annexes attachées au corps principal du bâtiment (buanderie) ou détachées (toilettes au fond du jardin, laiterie). À l'étage, un atelier de couture, une bibliothèque, plusieurs chambres, une salle de bain, la nursery. Sous les combles, trois chambres/débarras. Chaque pièce est tapissée et meublée, avec ses tapis, ses bibelots et tous ses objets du quotidien. Les tables sont mises, les lits sont faits comme si la vie s'était figée d'un coup et qu'elle pouvait reprendre à tout moment.
Commodités dans le jardin, laiterie et détails, porte-fenêtre, porte, fontaine. ©SM |
À l'extérieur, on remarque les quelques particularités architecturales d'influence indienne qui furent ajoutées au moment des agrandissements selon les souhaits du propriétaire qui en gardait des souvenirs de son enfance, que ce soit dans la forme du toit des tours ou dans les porte-fenêtres de la véranda, composées de volets de bois dans la partie basse et d'une partie coulissante pour le haut.
Une fontaine et de vieux arbres agrémentent le jardin alors qu'un poulailler, un potager et des ruches permettent encore de maintenir une petite production locale dont le produit est vendu à la boutique d'accueil.
Une visite instructive et charmante, à coupler avec celle du Mt Albert.
* Nota :
1 - À Auckland, Taylor Mountain, entre Glendowie et Glen Innes est lui aussi associé à cette famille.
2 - Si les garçons de la famille se sont mariés et ont une descendance, il semble que Sophia ne trouvait aucun garçon d'un rang suffisant pour ses filles qui sont toutes restées célibataires, sauf Adeline Violet qui s'est enfuie pour se marier sans le consentement de sa famille avant de partir s'installer en Angleterre.
Infos pratiques :
Alberton, 100 Mt Albert Road
Ouvert du mercredi au dimanche, de 10h30 à 16h00.
Prix du ticket adulte : 10 NZD
Plus d'infos :
Alberton - Site de Heritage New Zealand ICI
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