En cette année 2018, nous avons déjà eu quelques jours de pluies intensives et un premier coup de vent en janvier avec le passage de Feihi, de la roupie de sansonnet à côté de Gina dont les prévisions météo se sont progressivement précisées à la une des journaux cette semaine avant de frapper brutalement le pays.
Mais, mais ... des cyclones en Nouvelle-Zélande, qui l'eut cru ?
Cyclone Gita au dessus des Tonga - 16-02-2018 - Source: NZ Herald |
Et oui, bien que située très au sud et protégée par des eaux plutôt froides, la Nouvelle-Zélande est régulièrement balayée par des queues de cyclones quand le pays ne subit pas un impact ricochet plus violent, ce qui arrive, en moyenne, au moins une fois par saison. Alors il faut le savoir, la saison des cyclones en Nouvelle-Zélande c'est comme ailleurs dans le reste du Pacifique sud, une période qui s'étale, grosso modo, de décembre à avril [c'est à dire la période estivale la plus touristique].
Impact après le passage de Fehi en Nouvelle-Zélande - Février 2018 - Source : NZ Herald |
Un "cyclone tropical" c'est le nom adopté dans le Pacifique sud-ouest et l'océan Indien ; le mot est différent mais c'est le même phénomène que les "ouragans" de l'Atlantique nord et l'est Pacifique ou que les "typhons" familiers en Asie du sud-est et en Chine, des tempêtes qui commencent toutes sous la chaleur des tropiques.
Prévisions de l'impact de Gita sur la Nouvelle-Zélande au 15/02/2018 - Source : AccuWeather |
La spécificité d'ici, dans l'hémisphère Sud, c'est que ces cyclones tournent dans le sens des aiguilles d'une montre ... pour le reste, c'est pareil que partout ailleurs : ils tirent leur énergie de la chaleur dégagée sous les tropiques lorsque la vapeur d'eau se condense en pluie, mesurent jusqu'à 500 km de large avec "un oeil" de calme en leur centre qui n'a presque aucun nuage et pas/peu de vent.
Prévisions de l'impact de Gita sur la Nouvelle-Zélande au 18/02/2018, ça se précise - Source : AccuWeather |
Parce que les eaux sont plus froides vers le sud et qu'elles leur fournissent moins de chaleur, ces cyclones ont tendance à s'affaiblir lorsqu'ils se dirigent vers la Nouvelle-Zélande (et le pôle sud) en perdant leurs caractéristiques de tempête tropicale pour se transformer en "tempêtes latérales" appelées "extratropicales" (ET) par les scientifiques pour désigner ce mouvement vers le pôle et les changements de structure qui l'accompagnent.
En arrivant vers la Nouvelle-Zélande, ces tempêtes n'en gardent souvent pas moins une force suffisante pour générer des vents destructeurs, une mer haute et de fortes pluies. Parfois même, les restes de cyclones tropicaux s'intensifient en zone extratropicale pour devenir de puissantes "tempêtes de latitude moyenne" capables d'infliger des pertes en vies humaines et de graves dommages matériels. Une transformation et un impact très variables qui dépendent de la période, du parcours, et de la phase dans laquelle se situe le cycle d'El Niño/La Niña.
Avril 2017 - Après la passage de Cook, rupture d'une brèche et inondations de Whakatane dans la Bay of Plenty ©DM |
Certains de ces épisodes E.T. ont particulièrement marqué la Nouvelle-Zélande :
--> le cyclone Giselle en avril 1968 qui s'est intensifié dans le sud de son parcours avec des vents de 270 km/h soufflant sur Wellington, provoquant la mort de 51 personnes dans le naufrage du Wahine, ferry assurant la traversée régulière entre l'île du Nord et celle du Sud.
Le naufrage du Wahine pendant le cyclone Giselle - 1968 Source : Wikipedia Common |
--> le cyclone Bola qui a balayé et dévasté le nord de la Nouvelle-Zélande en mars 1988 avec des vent dantesque et plus de 900 mm de pluies déversées sur son passage en causant de sérieux dégâts.
--> ou encore Fergus et Drena qui ont provoqués vents et pluies torrentielles dans l'île Nord en pleine période touristique en décembre 1996.
Imprimés dans la mémoire collective, Giselle et Bola sont les étalons du pire, la référence des journalistes qui s'en servent souvent à l'annonce d'un nouvel épisode particulièrement menaçant pour le pays mais l'expérience de Cook nous a montré qu'à trop crier au loup, ils ne semblent pas toujours écoutés.
Ce qui nous a aussi beaucoup frappé ce sont les masses d'eaux qui tombent à chaque passage et les dégâts révélateurs qu'ils engendrent : inondations, glissements de terrains qui sont autant de signes de la fragilité des terres, des côtes et des pentes de ce magnifique pays dont les colons, en détruisant massivement les forêts pour en faire des pâturages, en ont très fortement et largement fragilisé les sols.
Les cyclones 2017 et 2018 en Nouvelle-Zélande :
(Nota : l'échelle de classification comprend 5 niveaux, fonction de la force/vitesse des vents)
Tableau de classification des cyclone en Nouvelle-Zélande - Source : MetService |
Bart - Février - Cat.1 / Cook - mars-avril - Cat.3 / Donna - avril-mai - Cat.5 / Ella - mai - Cat.2
Année 2018 :
Feihi - janvier - Cat.1 / Gita - février - Cat.5
Plus d'infos :
Weather : Cyclone Donna leftovers bring heavy rain to New Zealand - Newshub 11/5/2017 ICI
Heightened cyclone risk for northern New Zealand this season, says Niwa - Stuff 15/10/2017 ICI National Institute of Water and Atmospheric Research - Niwa Taihoro Nukurangi ICI
How often is New Zealand hit by tropical cyclones ? - Niwa / Mark Sinclair- 1/03/2002 ICI
Tropical Cyclone Monitoring - Met Service ICI
Cyclone Gita : Why it is speeding up as it approaches New Zealand - NZ Herald 20/02/2018 ICI
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