mardi 6 février 2018

Le bois - Focus sur une industrie première qui se voit en Nouvelle-Zélande !

Outre les moutons et les vaches, images d'Épinal de la Nouvelle-Zélande, et source de ses exportations premières, il existe une autre industrie nationale toute aussi "visible" et importante, la filière bois qui s'exhibe de bien des façons dans le paysage :

- Par ses immenses forêts de pins à plusieurs stades de maturité présentes un peu partout, dans toutes les régions, offrant des collines verdoyantes pendant toute la période de croissance avant de faire place à des pentes désolées et parfois même hideuses après "récolte",

Récolte sylvicole en cours - Northland  ©SM
Récolte sylvicole en cours laissant un paysage de pentes ravagées - Northland   ©SM
Forêts de pins en cours de replantation - Plusieurs stades de maturité -Centre le l'île du Nord  ©DM
Côte à côte, forêts de pins "uniformes" dont une zone à nue après coupe et forêts endémiques plus fouillies - Ile du Nord   ©DM
- Par ses troncs (et produits dérivés) récoltés, transportés et accumulés dans des zones de stockages à ciel ouvert, notamment dans les ports où ils s'entassent avant de partir à l'exportation,

Aire de stockage à Picton - Ile du Sud   ©DM
Aire de stockage - Picton   ©DM
Port de Napier - Ile du nord  ©DM
Port de Napier - Zoom sur la zone de stockage des troncs  ©DM
Informations sur le trafic du port à Napier  ©SM
Copeaux de bois pour l'export - Marsden Point - Northland  ©DM
- Dans les musées locaux dédiés, comme par exemple le magnifique musée du kauri à proximité de Dargaville ou le Gumdiggers Park dans le Northland qui rappellent l'importance historique de la filière dans le développement sociaux-économique du pays,

Musée du kauri - Northland  ©DM
Musée du kauri - Northland   ©SM
Gumdigger Park / Northland - Tronc de kauri dégagé du marais qui l'a préservé  ©DM
- Dans les forêts protégées gérées par le Department of Conservation où les derniers kauris géants et autres espèces indigènes, sont amoureusement préservés et présentés au public,

Waipua Forest/ Northland - Kauri Tane Mahuta   ©DM
Waipua Forest / Northland - Kauri Te Matua Ngahere   ©DM

- De façon indirecte sur certains sites touristiques comme la forêt de séquoias de Rotorua où ces géants constituent l'une des plus anciennes forêts d'arbres "exotiques" de Nouvelle-Zélande. À la fin du 19ème siècle, cette forêt de Whakarewarewa était un site expérimental où plus de 170 espèces d'arbres venues du monde entier furent testées pour évaluer leur capacité d'acclimatation afin de sélectionner celles qui seraient les mieux adaptées à la revitalisation d'une filière sylvicole commerciale menacée, en remplacement des arbres indigènes surexploités. Si les séquoias subsistent aujourd'hui pour le plus grand plaisir des touristes, ils n'avaient toutefois pas les qualités des pins de Monterey, champions toutes catégories qui constituent aujourd'hui le fond de commerce du bois néo-zélandais avec un cycle d'exploitation très rapide, de 28 ans.

Séquoia - Forêt de Whakarewarewa/ Rotorua  ©DM
Séquoias - Forêt de Whakarewarewa/ Rotorua  ©DM
   
Autant d'éléments qui méritent bien d'être replacés dans leur contexte historique ...

Avant la colonisation européenne, le territoire de la Nouvelle-Zélande était largement couvert de forêts et de taillis qui firent l'objet d'une exploitation massive, source de revenus "faciles" alors que les techniques de l'époque permettaient des coupes incontrôlées à un rythme dévastateur :
--> pour servir les besoins locaux nés de la colonisation (construction de maisons, meubles, clôtures, etc.),
--> pour faire place à des zones de pâturages dédiés à l'élevage,
--> pour l'exportation.

Musée du kauri - Northland - "L'exploitation de forêts diminue et fait place à l'élevage des moutons"  ©DM



Malgré des lois encourageant très tôt la (re)plantation d'arbres, le défrichage des forêts endémiques fut si rapide qu'en moins de 50 ans, certaines espèces étaient déjà menacées d'extinction et qu'en 1918, le gouvernement néo-zélandais dû imposer des restrictions à l'exportation des bois indigènes. En 1925, il introduisit des incitations financières encourageant les plantations de forêts d'espèces exotiques (importées) afin de réduire la pression sur les forêts locales.
Outre les expérimentations menées à Rotorua, des graines de pins de Monterey avaient été importées de Californie dès 1840 parce qu'elles permettaient de faire pousser rapidement des arbres apportant de l'ombrage dans les fermes. Il faut dire que cette espèce poussait plus vite en Nouvelle-Zélande que partout ailleurs dans le monde et qu'elle devint rapidement la variété de choix pour la (re)plantation de forêts. Des reboisements massifs dans les années 1920 et 1930 puis de nouveau dans les années 1960 donnèrent naissance à une industrie sylvicole répondant aux besoins du territoire national tout en permettant de préserver un avenir aux zones de forêts endémiques subsistantes. 

Pinède de bord de mer à Raglan - ©SM
En 1986-1987, les ressources forestières placées sous le contrôle de l'État furent réparties entre le Department of Conservation chargé de la protection des forêts endémiques et la New Zealand Corporation pilotant les opérations de la filière sylvicole. La sauvegarde des bois indigènes fut ainsi assurée par leur exclusion du champ d'exploitation commercial et leur mise sous tutelle / surveillance alors que la plupart des forêts de la filière sylvicole furent revendues pour être gérées par des intérêts privés.



En 1991, des représentants de quatre organisations de l'industrie forestière et de dix groupes de défense de la nature signèrent le New Zealand Forest Accord (Accord forestier néo-zélandais), un engagement commun pour valoriser, protéger et préserver les forêts endémiques du pays en reconnaissant l'importance économique de la sylviculture commerciale, alternive à l'épuisement des forêts naturelles.




... avec quelques chiffres et autres données économiques :

Aujourd'hui, les forêts couvrent 31% des sols de la Nouvelle-Zélande réparties en 24% de forêts indigènes et 7% de plantations d'espèces exotiques représentant 1'751 millions d'hectares occupés à 90% par des pins de Monterey (pinus radiata), à 6% par des sapins de Douglas (Pseudotsuga menziesii) alors que le reste est composé d'eucalyptus et d'autres espèces diverses.

Camembert sur l'occupation des sols de la Nouvelle-Zélande - Source : MPI et Statistics NZ 2014

Sur le marché mondial, la Nouvelle-Zélande n'est qu'un petit contributeur de l'industrie du bois puisqu'elle ne participe qu'à 1,1% des approvisionnements en bois industriels et à 1,3% du commerce des produits forestiers. Sur le plan national, c'est toutefois une industrie majeure puisque la filière bois se place en troisième position des exportations marchandes, après les produits laitiers et la viande, générant :
--> 3% du PIB,
--> 12% des exportations en valeur (4 marchés absorbent 60-70% des volumes : Chine/Japon/Corée du Sud et Australie)
--> l'emploi de 18'000 personnes (en baisse du fait de la mécanisation). 

Exportations de la Nouvelle-Zélande - Source : Statistics NZ - 2013
Exportations de la filière bois - Revenus par destinations et produits - Source: MPI et Statistics NZ 2012

Le secteur entre dans une nouvelle phase parce que suite à la réorganisation des années 1986-1987, la privatisation de la partie commerciale entraina une vaste campagne de plantation de pinèdes qui arrivent à maturité en permettant une augmentation des volumes de production.  

Plantations / coupes des forêts néo-zélandaises avec un pic dans les années 1990 dont les arbres arrivent à maturité


Enfin et pour conclure, même si les paturages restent la norme en Nouvelle-Zélande, les forêts sont au coeur de la réflexion liée aux questions posées par le changement climatique avec une prise de conscience croissante des bienfaits environnementaux et sociétaux des forêts*.

Notes :
* Voir par exemple les actions de reforestation menées à Tiritiri Matangi ou Rotorua, deux îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki. 

Et pour mémoire, deux tableaux complémentaires détaillant les produits bois exportés et l'emploi par région montrant notamment une prédominence de l'île du Nord :

Part de différents types de produits de la filière bois néo-zélandaise à l'export - 2016
Filière bois Nouvelle-Zélande - Détail régional de l'emploi et évolution 2002-2007 et 2013

Plus d'infos :
New Zealand Planted Forests portal - ICI
Forestry - Ministry for Primary Industries ICI
New Zealand Forest Owners Association - ICI
The redwoods Whakarewarewa forest / Rotorua  ICI
The Kauri Museum ICI
Gumdiggers Park ICI 

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