Motutapu - Home Bay ©SM |
L'île est accessible à partir de Rangitoto desservie par une navette quotidienne mais comme la carte annonce 2h30 de marche jusqu'à Islington Bay, le point permettant de rejoindre Motutapu, et qu'il faut ajouter le même temps pour le retour au quai de Rangitoto pour repartir, il ne reste plus beaucoup de temps et d'énergie sur une journée pour découvrir Motutapu ailleurs qu'aux abords de la jonction des deux îles, même si le coin est sympa et que les durées de marche estimées sont souvent surrévaluées.
Rangitoto vu de Motutapu - Les deux îles sont reliées par Islington Bay en contrebas. ©SM |
Pour se rendre à Motutapu, l'autre solution est de prendre un ferry direct mais il faut surveiller les dates sur le site de Fullers qui assure la traversée Central Auckland (Pier 4) - Home Bay au sud-est de l'île parce que les navettes sont comptées. Un habitué nous a indiqué qu'elles avaient été longtemps suspendues à cause de glissements de terrains mais qu'elles avaient repris depuis la fin du mois d'octobre 2017, le dimanche, une fois par quinzaine ; en réalité, c'est un peu moins régulier que ça puisqu'entre le 29 octobre et le 18 février, le trajet n'a été proposé que six fois avec un départ d'Auckland à 9h15 pour un retour à 16h15 de Home Bay. Sachant qu'il y a un arrêt à Devonport dans chaque sens, la traversée dure environ 45-55 minutes et le coût pour un aller-retour adulte s'élève à 35 NZD.
Quai à l'arrivée sur Motutapu, à Home Bay ©DM |
Pour se guider, on ne trouve pas de brochure spécifique pour Motutapu aux comptoirs Fullers, il faut prendre celle de Rangitoto qui donne une carte des deux îles indiquant tous les sentiers et les points d'intérêts ainsi que quelques informations complémentaires sur l'île.
Motutapu signifie "l'île sacrée" pour les Maoris qui l'avaient colonisée et longuement occupée ; les archéologues y ont recensé 300 sites, pa (villages fortifiés), puits de stockage pour patates douces ou carrières. Au moment de la dernière éruption de Rangitoto (il y a environ 600 ans), Motutapu a été recouverte de plusieurs couches de cendres volcaniques dans lesquelles on a retrouvé des empreintes parfaitement préservées laissées par des humains et des chiens témoignant de leur implantation sur l'île à cette époque.
Village maori à Motutapu - Source : Auckland Memorial Museum |
1840 voit l'arrivée des premiers colons européens qui s'établissent sur les premiers terrains de l'île vendus par les Maoris. C'est ensuite Robert Graham, un homme d'affaires engagé en politique qui récupère en 1857 les droits de l'île dont il transforme de vastes zones en pâturages. En 1869, il cède ses droits aux frères Reid, des écossais qui construisent leurs nouvelles propriétés familiales à Home bay (aujourd'hui classée au patrimoine "historique") et Emu bay (démolie en 1976). Ils assurent avec un sens certain des affaires la promotion de l'île auprès de la population d'Auckland pour en faire un lieu d'excursion pour les loisirs dominicaux. La légende raconte qu'au début des années 1900, 14'000 personnes transitèrent en un seul week-end alors que la population de la ville n'enregistrait alors que 100'000 habitants !?
Au démarrage du sentier, sur Home bay ©DM |
Avec la montée de la menace japonaise à l'orée de la seconde guerre mondiale, et du fait de l'importance de sa position stratégique dans le golfe d'Hauraki, Motutapu fut rachetée par le gouvernement néo-zélandais à des fins de défense nationale. 1936 y voit la construction de routes, celle d'une batterie d'artillerie sur trois positions avec l'installation de canons lourds capables de tirer à 30 km des côtes. À l'apogée de cette période militaire, près d'un millier d'hommes et de femmes étaient stationnés à Motutapu pour assurer la défense maritime et aérienne d'Auckland. La base fut rapidement abandonnée après la guerre mais il en reste aujourd'hui une multitude de bâtiments en béton ouverts aux quatre vents enregistrés au patrimoine, soigneusement documentés par des plaques commémoratives et quelques tableaux d'informatifs malgré leur apparence négligée.
Reste de bâtiment militaire à Billy Goat Point ©SM |
Actuellement, l'île a le statut de "réserve naturelle" gérée par le Department Of Conservation qui suit les recommandations d'un "plan de conservation" approuvé de façon conjointe par le Auckland Conservation Board et Nga Mana Whenua (tribus maories qui ont voix au chapitre sur ce qui se passe sur cette région). L'ambitieux programme de restauration lancé en 1992 nécessitera et prévoit un engagement sur 50 ans pour être mené à terme. Pendant plusieurs années, un énorme travail d'éradication des animaux nuisibles* (chats, lapins, hermines, souris, rats et hérissons), a par exemple été mené à Rangitoto et Motutapu qui ont été officiellement déclarées "pest free" en 2011. Pour éviter que de nouveaux prédateurs indésirables y reviennent, les visiteurs sont comme toujours informés et invités à respecter un certain nombre de consignes avant et pendant toute excursion et on peut encore voir des pièges disposés un peu partout, à titre préventif.
Ces actions permettent la réintroduction et le retour d'oiseaux natifs chers aux néo-zélandais (tieke, tui, tomtit, popokatea, korimiko, karikari, takahe, kiwi ou kokopu) mais elles doivent être complétées de la reconstituation d'habitats appropriés.
Ainsi, côté végétation, si les paturages constituent pour le moment la dominante de l'île, un vaste projet mené par les bénévoles du Motutapu Restoration Trust prévoit, à terme, d'y replanter plus de 500'000 arbres endémiques. Le jour de notre visite, pas mal des passagers du ferry se rendaient dans l'île pour participer à cette entreprise. Outre les paturâges - dont de grandes zones seront conservées pour leur valeur historique et dans lesquelles paissent encore vaches et moutons appartenant aux quelques fermes présentes dans l'île - et les quelques zones en cours de replantation, l'île compte quelques beaux vieux pohutukawas le long des côtes ainsi que des zones humides qui représentent 6% des surfaces subsistantes de la région, en cours de protection par la construction de plusieurs kilomètres de barrières pour éviter que les animaux d'élevage s'y aventurent et y causent des dommages.
Avec ses 15 kilomètres carrés, l'île est grande, même très grande quand on décide d'en faire le tour en suivant le chemin circulaire. En poussant jusqu'à la pointe nord de Billy Goat point, nous avons ainsi marché presque non-stop de 10h00 à 16h00 avec juste une pause déjeuner sur Adminsitration Bay pour parcourir les 16,5 km de notre randonnée du jour, une marche à travers champs et collines parsemés ici et là de vaches et de moutons (avec leurs odeurs et rejets associés) ...
...des baies et leurs plages, Sandy bay, Administration bay, Pig bay ...
Sandy bay - Motutapu ©DM |
Administration bay- Motutapu ©DM |
Pig bay - Motutapu ©SM |
... avec le centre éducatif pour la jeunesse d'Admisnistration bay (Motutapu Outdoor Education Camp) ...
... et puis aussi des vues, vers l'île de Rakino au nord de la pointe de Billy Goat...
... sur les plages de la côte avec Sandy Bay au premier plan et Rangitoto à l'arrière plan ...
... ou vers le sud, vers l'île de Motuihe à gauche, Brown Island et la pointe de Bucklands beach au large de la falaise d'Emu bay à droite.
Il faut en principe toujours suivre les balisages jaunes. Nous, on les as perdus au niveau de Pig Bay et nous avons fini par couper à travers champs et collines pour rejoindre la route traversière nous ramenant finalement au sentier circulaire. Quelques panneaux indiquent parfois la direction mais ils sont peu nombreux ...
... et les sentiers sont pour la plupart exposés et sans ombre si bien que les quelques arbres solitaires qui s'y déploient semblent apporter une touche incongrue et décorative dans le paysage où ils attirent le regard.
Même si l'île n'est pas très haute puisqu'elle culmine à 115 mètres, il faut quand même compter sur le dénivelé avec une alternance permanente de montées et de descentes.
Une chose est sûre, c'est qu'en revenant à Home Bay nous étions heureux d'y trouver le Reid Homestead "historique" ouvert et proposant snacks et boissons fraîches à la vente, indispensables un jour de grande chaleur alors que nos réserves d'eaux étaient épuisées. Cette belle plage est le point de raliement des visiteurs en attendant le ferry, on peut s'y baigner, se rafraîchir et apprécier d'y passer un moment de repos bien mérité, agréable et convivial.
L'île n'est pas la plus belle du golfe d'Hauraki mais elle ne doit pas pour autant être négligée que ce soit pour ses aspects historiques ou ses paysages, champs, plages et vues. Compte tenu de sa taille, on ne peut pas aller partout en une seule visite et certains coins mériteraient sans doute qu'on y revienne et/ou s'y attarde plus, autour d'Islington Bay ou le crochet par Emu Bay, dominé par ses falaises, que nous n'avons pas pu faire.
Nota :
* Au plan mondial, il s'agit même du plus important programme d'éradication jamais mené à l'échelle d'une île.
Voir aussi :
Voir aussi :
Tiritiri Matangi - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (3)
Rotoroa - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (4)
Plus d'infos :
Nature & History of Motutapu Island - Department of conservation ICI
Page Motutapu Island sur le site de Fullers Ferry (Horaires/tarif dans l'onglet en haut de page) ICI
Rotoroa - Les îles d'Auckland dans le golfe d'Hauraki (4)
Plus d'infos :
Nature & History of Motutapu Island - Department of conservation ICI
Page Motutapu Island sur le site de Fullers Ferry (Horaires/tarif dans l'onglet en haut de page) ICI
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