Dans les salles du premier étage de l'Auckland Art Gallery, les portraits Maoris de Gottfried Lindauer ont été décrochés pour faire place à une autre très belle exposition intitulée The Body Laid Bare, masterpieces from Tate (Le Corps à Nu, chefs d'oeuvre de la Tate Gallery).
Une exposition qui nous arrive tout droit de Sydney où elle a été présentée sous le titre Nude, art from the Tate collection (Nus, art des collections Tate), de novembre 2016 à février 2017, à l'Art Gallery of New South Wales qui en a assuré l'organisation en collaboration avec la prestigieuse Tate Gallery londonienne.
Regroupées sous le thème de la nudité et de la représentation du corps humain à travers les époques, du 18ème siècle à nos jours, une centaine d'oeuvres extraites des collections de la Tate Gallery ont ainsi été acheminées à l'autre bout de la planète pour notre plus grand plaisir : des peintures, des sculptures, des photos, des dessins, des esquisses des plus grands artistes tels que Pierre Bonard, Pablo Picasso, Henri Matisse, Louise Bourgeois, Alberto Giacometti ou Auguste Rodin.
Le clou de l'exposition, c'est justement Le Baiser d'Auguste Rodin, grande statue de marbre représentant un couple enlacé dont l'image a été utilisée pour les affiches de promotion de l'exposition; elle trone au centre de l'exposition dans la salle traitant de "l'érotisme du corps". La statue originale avait été commandée par l'État français pour l'exposition universelle de Paris de 1889, sculptée sous la supervision de Rodin par Jean Turcan, elle est conservée au musée Rodin à Paris. Rodin en avait ensuite supervisé deux autres versions dont celle sculptée par Rigaud, destinée aux collections de la Tate Gallery; voyageant pour la première fois hors des frontières de l'Europe, c'est celle qui est actuellement exposée à Auckland. Quelle splendeur !
La première salle est dédiée au "nu historique" (The Historical Nude) représentant le plus souvent des scènes bibliques ou mythologiques avec notamment un bronze magnifique de 1881, une oeuvre de Sir Hamo Thornycroft figurant Teucer, archer grec de la guerre de Troie. Quelques carnets d'études de nus et de scènes érotiques implicites de Joseph Mallord William Turner (1775-1851) sont également très intéressants et illustrent bien les réserves d'époques puritaines et conservatrices qui limitaient l'étude et la représentation de ce sujet en obligeant les artistes à se cacher : quand ces carnets personnels de Turner ont été découverts, ils ont été en partie détruits pour ne pas nuire à sa réputation qui était grande.
Vient ensuite la salle des "bains" (The Bathers) et du "nu privé" (The Private Nude), exceptionnelle, couvrant les périodes du 19ème et du 20ème et concentrant une palette de noms prestigieux, Bonnard (Nu dans la baignoire -1925 et Baigneuse de dos -1919), Picasso (Femme nue dans un fauteuil rouge - 1932), Rodin (La grande danseuse -1913), Degas (Bed Time - 1880-5), Matisse (Femme nue drapée - 1936), Balthus (Nu sur une chaise longue - 1950) etc. Elle traite d'une époque de transition où le nu est encore controversé, chargé de sexualité et d'immoralité parce que souvent associé à la prostitution mais où, sublimé, il fait une entrée plus respectable dans les intérieurs parisiens. Le thème de la toilette est un bon prétexte pour des études de nus en les sortant des contraintes historiques des époques antérieures. Une très belle salle équipées de deux banquettes permettant de s'installer confortablement, le temps de contempler ces oeuvres.
Les salles suivantes explorent les évolutions plus contemporaines, avec l'érotisme (Rodin, Picasso, Hockner), une autre vision de la sexualité et de la maternité avec Louise Bourgeois, des supports et des messages qui changent et se multiplient pour révéler notre humanité en passant par la photographie, le surréalisme, le militantisme, le féminisme, l'idéalisation ou la crudité du corps, la violence ou la vulnérabilité...
À voir jusqu'au 16 juillet 2017.
Nota : même ce n'est pas entièrement une surprise parce que c'est un problème récurrent à Auckland, petite frustration à la sortie de ne pas pouvoir acheter le catalogue de l'exposition, la boutique n'en ayant reçu qu'un nombre très limité d'exemplaires trop rapidement épuisés.
Exposition The Body Laid Bare, Masterpieces form Tate
Auckland Art Gallery - Level 1
18 mars 2017 - 16 juillet 2017
Entrée : 23 NZD
Photos interdites
Plus d'infos :
Exposition The Body Laid Bare - Infos Auckland Art Gallery ICI
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